1er avril 2017 (125 milles parcourus)
Beau soleil sur l'horizon. Dès le réveil, la journée se présente bien. 15 noeuds de vent portant annoncé et du soleil : Parfait !!!
Vers 9h15, le régulateur reprend du service car le vent apparent est repassé au-dessus de 10 noeuds. Tout fonctionne bien.

Vers 11h00, aïe : Sandrine me signale que la bouteille de 5 litres d'huile d'olive vient de se percer sur un coup de roulis, arghhh !!! Mais la vérité s'ensuit rapidement : Poisson d'avril !!! Ouf ...

Pour honorer cette belle journée de navigation, Sandrine se met aux fourneaux et nous cuisine un bon petit plat : Carottes, chorizo, oeufs sur le plat, assaisonné d'herbes de Provence. C'est délicieux. Le Nutella fera ensuite office de dessert.

Miam miam, on va se régaler !!!

    

La nuit s'annonce très claire et sans nuage. Nous voyons la "Croix du Sud", signe que nous approchons de l'hémisphère Sud de la planète. Dommage que nous n'ayons pas encore remis la main sur le chronomètre pour commencer à faire des points d'étoiles au sextant ...

Afin de ne pas rester sur un score de 1 à 0 au poisson d'avril, Robin fait une petite blagounette à propos d'une fausse incontinence pendant son quart de repos. Et hop, 1 partout !!!

Grâce à la BLU qui fonctionne à merveille, nous envoyons tous les jours notre position ainsi qu'un petit mail sur nos conditions de navigation à nos familles. Nous en profitons pour prendre un fichier météo sur les 4 jours à venir. Pour rappel, vous pouvez voir notre position à cette adresse internet : https://cms.winlink.org:444/maps/PositionReports.aspx?callsign=F4HSA

Exemple de visualisation de notre position sur internet

Ce coup-là, c'est une mauvaise nouvelle : Les 25 noeuds annoncés à mi-parcours sont devenus 30 noeuds. Sachant que 30 noeuds sur les fichiers grib peuvent donner 40 noeuds en réalité, nous essayons d'envisager un moyen de les éviter. Plusieurs solutions se présentent : Attendre en mer en mettant le bateau en panne, se dérouter ou foncer dans le tas afin de nous faire de l'expérience du mauvais temps pour plus tard.

Le vent qui forcit au milieu du parcours

2 avril 2017 (143 milles parcourus)
Joyeuse fête Sandrine !!!
Aujourd'hui, c'est la Sainte Sandrine et pour fêter cela, le ciel bleu et le soleil sont magnifiques.

Autour du petit déjeuner, nous discutons de ce coup de vent à venir et décidons de nous dérouter vers l'île d'Aruba. Nous y voyons plusieurs avantages. Tout d'abord, éviter le coup de vent. Et puis Aruba est presque sur notre route vers Panama. Il nous suffit de dévier notre cap de 15° pour y arriver. De plus, Aruba est à mi-chemin entre La Guadeloupe et Panama. Nous ne perdrons donc pas vraiment de temps à y aller excepté les jours passés à l'escale.

Nous voici en route pour les îles ABC : A pour Aruba, B pour Bonnaire et C pour Curaçao. Ces îles qui font partie des Antilles Néerlandaises sont très proches du Vénézuela et de la pointe Nord de la Colombie. Elles sont réputées pour être de très belles étapes sur la route vers Panama. Normalement, il n'y a pas de risque de piraterie à leurs abords car les Cost guards veillent au grain très sérieusement.

14h50, une troupe de dauphins communs arrive à grande vitesse du tribord de Brindacier en faisant de grands sauts. C'est magnifique !!! Ils sautent au-dessus de la crête des vagues, passent devant notre étrave. C'est un festival !!! Mais leur attitude assez agitée nous pousse à prendre un ris dans la GV, on se sait jamais, ils pourraient être passés nous voir pour nous prévenir d'une montée brutale du vent ... A ces marins, quels surperstitieux ...

Une rencontre avec des dauphins sauteurs

Vers 17h30, le Merveille nous signale un écho radar dans le coin. Effectivement, nous le voyons arriver sur notre bâbord. Nous allumons le PC et la VHF qui fait office de récepteur AIS afin de voir si nous sommes en route de collision. Ce n'est pas le cas et nous le regardons passer tranquillement à 1 mille devant nous.

Un cargo passe

Le vent commence à monter doucement mais régulièrement. Nous prenons le deuxième ris dans la Grand Voile et roulons un peu de génois. Nous marchons à environ 6 noeuds.
La nuit se passe tranquillement avec une mer qui s'agite petit à petit mais qui reste vraiment facile à négocier.

3 avril 2017 (31 milles parcourus)
Dès le matin, il fait vraiment chaud dans le bateau, environ 35°C. Nous sommes à 12° de latitude Nord, c'est à dire pile poil entre le tropique et l'équateur. Heureusement que l'état de la mer et le fait d'être au vent portant nous permettent d'ouvrir quelques hublots de ponts pour ventiler le bateau !!!

Aujourd'hui, notre mission est de trouver des informations pour notre atterissage à Aruba. Nous visons la capitale, Orenjestad mais n'ayant pas prévu de nous y arrêter, nous n'avons aucun guide nautique sur cette île, ni aucune information sur le port et les formalités de douanes et d'immigration à accomplir. Nous n'avons que la cartographie sur OpenCpn de notre PC de navigation.
Nous avons trouvé quelques trucs sur notre bouquin "Escales de grande croisière" mais celui-ci, qui était à bord de Brindacier lorsque nous l'avons acheté, date de 2002, donc vieux de 15 ans. De surcroît il est très succint sur chaque escale car il couvre le monde entier en 500 pages.

Grâce à la BLU, nous envoyons un mail à Chef pour essayer de récupérer au moins le plan du port de Orenjestad et sa position exacte car nous ne sommes pas sûrs d'arriver de jour. Avant que le soleil se lève, nous réussissons à récupérer des coordonnées mais elles semblent bien étranges une fois positionnées sur la carte ?!? Quant au plan du port, malheureusement, nous ne pouvons le télécharger car le soleil est bien haut dans le ciel désormais et parasite énormément la réception de la BLU. Tant pis, nous avons déjà un minimum et nous ferons avec. Et si nous sentons que ça craint, nous irons dans un mouillage quelconque ou nous nous mettrons à la cape le temps que le jour se lève et que nous puissions naviguer à vue. Quoi qu'il en soit, merci beaucoup Chef pour le temps que tu as passé à nous trouver les coordonnées et le plan, à nous expliquer par texte le plan qui était devenu peu lisible suite à sa réduction pour pouvoir être envoyé avec une taille minimale par ondes radio. Vraiment, c'est cool de pouvoir compter sur ton support à terre !!!

Vers 14h15, ce lundi 3 avril, nous apercevons Aruba et atteignons sa pointe Nord-Ouest vers 16h00. Brindacier a été au top aujourd'hui car il a accéléré sans peiner afin de nous permettre d'arriver de jour. C'est un bateau d'exception !!!
Nous descendons la côte Ouest de l'île en nous méfiant des hauts fonds sur lesquels déferlent les vagues. Derrière l'île, le vent est beaucoup plus fort que nous pensions car celle-ci est basse et freine très peu le vent.
La moitié Sud de la côte Ouest de l'île est protégée par un récif proche de la côte qui laisse un passage de la largeur de 2 bateaux de croisière pour naviguer. Cela paraît grand, et il est vrai que ça l'est, mais quand on ne connaît pas les lieux, on peut être inquiet de rentrer dans ce chenal de nuit où une panne de moteur par ce jour de vent soutenu nous jetterait sans coup férir sur le récif.

Une vue du récif à tribord

Vers 17h00, nous nous engageons dans le chenal en laissant le récif à tribord. Nous appelons Aruba Port Control sur le canal 16 de la VHF. Pour faire la clearance, il est nécessaire d'aller dans un bassin particulier de la zone portuaire, le long d'un gros quai en béton. Dommage, nous étions arrivés dans la marina et nous avons dépassé les douanes sans la voir ni comprendre où elle était !!! Heureusement, devant notre perplexité et nos difficultés à trouver ce quai, un bateau de sauvetage en mer qui passait par là nous escorte jusqu'au fameux quai. Ca y est, nous y sommes !!!

Brindacier au quai des douanes à Aruba

Nous nous amarrons en mettant de gros pare-battage pour protéger notre coque. Un responsable de l'immigration très sympa nous accueille et nous donne des papiers à remplir.
Puis, les douaniers, également très sympas, nous font remplir d'autres papiers. Ils repartent, puis reviennent pour faire une petite fouille de Brindacier. Nous devons avoir une tête d'innocent, que nous sommes d'ailleurs, car la fouille est très rapide. Il faut dire que le nombre de coffres et surtout la quantité de choses diverses et variées qu'ils renferment les ont peut-être découragés ...
Seul le fusil harpon, considéré comme une arme, sera confisqué le temps de notre séjour à Aruba. Les douaniers nous le rendront à notre départ.
Notre bar, riche en rhum, cognac, whisky, pastis, porto, ... leur attire l'oeil, mais ça passe. Après tout, nous sommes français et nous passons après un autre voilier français qui, partant pour un tour du monde, avait un stock de bouteilles de vin incroyable avec une vraie cave à vin à bord. Nous faisons petits joueurs à côté. Les douaniers doivent penser que les français ont un rapport particulier avec l'alcool ... Mais sans rire, notre bar n'est pas plus important que celui qu'a tout français moyen chez lui !!! Brindacier étant notre maison et très propice à accueillir de nouvelles connaissances, notre bar est loin d'être sur-dimensionné. Mais il faut l'avouer, ça, nous ne l'avons pas dit aux douaniers par peur qu'ils ne comprennent pas ...

Finalement, à part le fait que la nuit tombe, tout se passe pour le mieux et nous quittons le quai à 19h00 direction un mouillage indiqué par les douaniers.
Le vent souffle toujours assez fort. Le manque de documents nautiques, la présence de nombreux récifs, les fonds qui remontent très vite au sondeur et la nuit qui tombe nous décident à revenir à la marina.

Cependant, à 19h30, plus personne n'est là pour nous indiquer où se mettre. Ce port contient essentiellement des bateaux à moteur, ce qui confirme notre doute quant à la profondeur de cette marina. Seuls quelques voiliers sont amarés à un ponton à l'entrée mais aucune place n'est disponible. En désespoir de cause, nous nous amarrons "comme des fleurs" au ponton à gasoil. C'est un ponton en bois qui se situe à l'extrémité du ponton des voiliers.
Il fait nuit et un garde de la sécurité vient nous voir pour nous demander si nous avons fait les formalités d'entrée. Une fois rassuré, il nous dit que nous pouvons passer la nuit là et que nous devrons voir le maître du port demain matin pour voir avec lui comment faire. Quel soulagement !!!

Perpendiculairement à Brindacier, se trouve un joli petit sloop de 10 mètres dont la propriétaire vient gentillement nous proposer de venir boire un verre de vin à son bord pour nous montrer les mouillages possibles si jamais nous n'avions pas de place dans le port pour le lendemain.
Nous passons une excellente soirée et rejoignons notre bord vers minuit pour un dodo bien mérité. Mais le réveil est réglé pour 5h55 afin de libérer le ponton à gasoil pour permettre l'accès à la pompe aux bateaux de pêche. La nuit va être courte ...

Du 4 au 8 avril 2017 : Escale à Aruba
Alors là, c'est le top du top, le summum du summum !!! Comment vous dire ...

Tout d'abord l'accueil : les gens sont vraiment très sympas. Le maître de port nous dit qu'il ne reste qu'une seule place disponible dans le port et qu'il faudrait la libérer jeudi avant midi car un voilier doit arriver. Ca tombe bien car nous pensons repartir jeudi matin !!!
En plus, la place disponible est parfaite. Son accès est facile et après discussion, le maître de port accepte que nous nous amarrions de telle façon que nous ne soyons pas obligés d'utiliser notre ancre. Cela nous arrange car le départ sera plus facile. Et puis, nous préférons nous amarrer nez au quai comme d'habitude pour éviter que le régulateur d'allure tape dans le quai par inadvertance. La montée et la descente de Brindacier sont aussi plus faciles ainsi.

Une fois le problème de la place réglé, le maître de port nous demande de passer à son bureau pendant la journée quand nous aurons envie pour faire les papiers. Et là, non seulement il nous faire faire les papiers pour la marina mais avec beaucoup de gentillesse, il nous explique tout ce à quoi donne droit l'utilisation de la marina. Et là, c'est incroyable !!!

C'est le grand luxe. En fait, est inclus dans le prix de la marina (39$US/nuit environ pour Brindacier) l'accès à toutes les facilités des deux hôtels Renaissance situés à proximité : Piscine, serviettes pour la piscine, douche (celle des employés), wifi, accès à l'île privée du complexe hôtelier via les navettes, ...
Bref, nous sommes comme des coqs en pâte et nous en profitons très largement.

La piscine de l'hôtel

    

Et c'est sans compter les iguanes qui se font bronzer au bout du ponton et les pélicans qui plongent à l'arrière de Brindacier.

Les iguanes au bout du ponton

    


Cerise sur le gateau, nous sympathisons avec plusieurs bateaux, à tel point que nous n'avons pas passé une seule soirée seuls depuis notre arrivée. Chaque soir, nous avons soit un apéro, soit un repas.

Des moments très conviviaux

    

Et les gens sont vraiment très gentils. Nous nous sommes aperçus qu'en France nous adoptons la plupart du temps une attitude défensive. Mais là, nous nous rendons compte que cela n'a pas lieu d'être. Un exemple : Nous allons sur l'île de l'hôtel. Une dame hèle Robin. Premier réflexe : Oups, on a peut-être pas le droit d'être là finalement, on va se faire engueuler ... Mais pas du tout, cette dame nous proposait de nous fournir les serviettes de l'hôtel pour mettre sur nos transats.
Pour se rendre sur l'île, nous utilisons une des navettes mises à disposition par l'hôtel. Sur le parcours, nous passons juste devant la piste de l'aéroport. Les avions nous rasent les moustaches ...

Piste d'atterissage d'Aruba

    

    

Après 10 minutes de trajet, la navette nous dépose sur l'île où nous découvrons 2 beaux petits lagons. L'un est réservé pour les familles et l'autre pour les adultes. Cela nous laisse perplexe mais en fait, la partie réservée aux adultes permet de préserver un espace plus tranquille pour ceux qui ne veulent pas avoir d'enfants qui chahutent autour d'eux. De toute façon, ça ne change pas grand chose car en ce moment il y a très peu d'enfants. 

L'île de l'hôtel

    

Des hamacs au-dessus de l'eau

    

La salle de sport

         

L'île voisine de Bonaire possède plusieurs colonies de flamants roses sauvages. 5 flamants seulement sont arrivés sur l'île d'Aruba. Afin d'éviter qu'ils ne repartent, les habitants leur coupent les ailes. Ces flamants résident sur l'île de l'hôtel et ne sont absolument pas sauvages. Ils n'ont pas l'air malheureux mais c'est tout de même triste qu'ils n'aient pas leur liberté.

Les flamants roses sur la plage

    

Une petite pause avant de repartir vers Brindacier

    

Il faut dire que le contraste est tellement saisissant entre notre vie à bord et ce débordement de confort que nous ne nous sentons pas légitime à profiter de toutes ces largesses. Pour 39$US/nuit, nous profitons des mêmes choses que ceux qui payent 300$US leur nuit d'hôtel.
Bon, rassurez-vous, à partir du deuxième jour, nous n'hésitons plus : Nous en profitons !!!
C'est l'occasion de bien se reposer avant d'attaquer la fin de la traversée de la mer des Caraïbes et la traversée du canal de Panama.

Mais on ne se refait pas et nous ne pouvons nous empêcher de bricoler un peu : Recoller une baguette de bois qui s'était décollée à gauche de l'évier, hiverner le petit moteur hors-bord, vérifier le niveau d'huile moteur, remplir les réservoirs d'eau.

Et il y a aussi le problème de la fuite d'huile au presse-étoupe. De ce côté-là, ça ne semble pas s'arranger. Avant, le niveau d'huile baissait dans le vase d'expansion et il y avait un peu de mayonnaise (mélange d'huile et d'eau) qui remontait dans le tube qui va du vase d'expansion au presse-étoupe. Maintenant, c'est le niveau d'huile qui remonte tout seul dans le vase d'expansion !!! Nous en déduisons que l'eau de mer s'infiltre dans le presse-étoupe et repousse ainsi l'huile dans le vase d'expansion. Grrrr, il y aurait donc de l'eau de mer qui rentre dans le presse-étoupe !!! Ce n'est pas le top pour les roulements !!! Il va falloir résoudre ce problème dès que possible. Mais là, nous ne pouvons pas faire grand chose à part enlever un maximum de mayonnaise du presse-étoupe et remettre de la bonne huile toute neuve ...

Travail sur le presse-étoupe

Malgré cela, nous sentons que nous arrivons au bout de nos peines en ce qui concerne la mise au point de Brindacier. Nous étions partis sans avoir fini sa préparation et sans avoir vraiment navigué avec. La conséquence a été que nous avons dû continuer à bricoler sans arrêt depuis notre départ, à chaque escale, dans plein de domaines différents : électronique, communication, eau, gasoil, gréement courant, ...
Les problèmes se résolvent les uns après les autres et nous commençons à récolter les fruits de notre travail : autonomie en gasoil atteinte, radio-communication en pleine mer avec prise de météo pleinement fonctionnelle, plus de fuites d'eau, ...
Encore deux points à régler nous inquiètent : la fuite au presse-étoupe, le fonctionnement du régulateur d'allure. Mais nous tenons le bon bout, nous allons nous y atteler bientôt.

Aruba est une île est très touristique. Toute la côte Ouest est faite d'une longue plage de sable le long de laquelle se succèdent des hôtels de luxe, des casinos, des attractions touristiques (catamaran de promenade, parachute ascensionel, ...).
La prostitution est légale et il y a des maisons closes au Nord de l'île.
Le mélange éthnique est très important et équilibré. Ce faisant, il n'y a pas de rancoeur, de jalousie, de peur de la différence. Les gens se sentent bien et l'atmosphère s'en ressent agréablement. D'ailleurs, le slogan de l'île est "A happy island".

En fait, la météo ne s'améliore pas aussi vite que nous le pensions et nous allons voir le maître de port pour essayer de négocier une ou deux  nuits de plus. Pas de problème !!! Avec le vent qu'il y a, les bateaux qui avaient réservés ne sont pas arrivés et nous pouvons rester au moins jusqu'à samedi matin. Coooool : à nous la piscine à volonté, la plage sur l'île, la salle de sport, les apéros chez les voisins, ...

Ainsi, nous nous sommes aperçus en discutant avec les gens qui connaissent bien le coin que nous avons très très bien fait de nous arrêter ici et de ne pas continuer vers Panama avec la météo qu'il y avait. Cette partie de la mer des Caraïbes peut être très dangereuse dès 30 noeuds de vent car le relief lève une mer très mauvaise. Raison de plus pour savourer cette escale luxueuse et nous dire que nous avons vraiment bien fait de nous dérouter.

La météo annonce une baisse du vent et de la mer à partir de vendredi. Nous avons donc décidé de partir samedi vers Panama. Tout paraît bon sur le trajet et si tout se passe bien, nous devrions arriver aux environs du vendredi 14 avril à la marina de Shelter Bay.

Récupération de la météo

Il est temps car les tongs de Robin ont rendu l'âme et il doit désormais se déplacer pieds nus. Heureusement que la piscine est juste à côté ... Notre conclusion sur les tongs est qu'une paire ait été achetée à 1,25€ ou à 50;€, elle tient à peu près le même temps !!! Bon, d'un autre côté, nous ne pesons pas le même poids, mais quand même ...

Adieu tongs-tongs de Porto Santo

Dernière prise de météo ce matin, samedi 8 avril. Ca se confirme, le créneau météo est bon. Nous partons donc ce matin après la douche, le paiement du port et le passage aux douanes. Rendez-vous jeudi ou vendredi prochain ...

Du 8 avril au 13 avril 2017 : Navigation de Orenjestad (Aruba) à Shelter Bay Marina (Colon - Panama)- 632 milles

8 avril 2017 (133 milles parcourus)
Les meilleures choses ayant une fin, il est maintenant l'heure de dire au-revoir à la piscine et au luxe de la marina d'Aruba. Ce matin, nous décollons pour la seconde partie de la traversée de la mer des Caraïbes. Le temps de prendre une dernière météo, de payer le port, de faire comprendre à nos amis les oiseaux qu'ils n'auront plus de gateau au yaourt pour leur petit déjeuner et nous voilà partis ...

Le petit déjeuner des oiseaux sur Brindacier

    

Cette dernière météo est importante car cette zone, entre les îles ABC et Panama n'est pas simple à naviguer. Les vents sont toujours soutenus, la mer est courte et les créneaux favorables au passage du Cap de la Vela au nord de la Colombie sont rares. Nous sommes tombés sur le site suivant qui explique de manière détaillée la météo que l'on peut y rencontrer et comment y naviguer .................. C'est très intéressant.

Nous avons pris le temps de bien nous renseigner sur les conditions de navigation et cela confirme que notre choix de nous dérouter il y a quelques jours était vraiment le bon !!!
A partir d'aujourd'hui, un créneau s'ouvre pour parcourir les 630 milles restant avant d'atteindre Panama. Le capitaine de la marina et les quelques voiliers en attente sur le ponton sont tous d'accord pour dire que c'est le bon moment pour y aller et qu'il ne faut pas le rater car on ne sait pas quand se présentera le prochain ...

A 11h00, le port est payé, les amis sont salués et les amarres sont larguées. Il faut maintenant retourner sur le ponton des douanes et de l'immigration pour faire notre sortie (checkout). Cela nous prend environ une heure et apprécions encore une fois la gentillesse des habitants d'Aruba.
Une fois les passeports tamponnés et le fusil de chasse sous-marine récupéré, nous quittons définitivement Aruba. Malgré le vent soutenu, toutes les manoeuvres de quai se passent bien. Aruba, escale improvisée, s'est avérée une très belle surprise.

A 12h30, nous hissons la Grand Voile avec 2 ris et nous déroulons le génois avec 4 ris, direction le passage du Cap de la Vela, au Nord de la Péninsule de Guajira en Colombie. Une fois ce cap passé, nous piquerons au Sud-Ouest direction Colon. C'est là-bas que nous ferons les formalités pour passer le canal.

Le temps est conforme aux prévisions : Environ 20 noeuds de vent réel, une mer courte mais peu agitée et cerise sur le gateau, un courant favorable qui nous fait filer à 8 noeuds alors que nous sommes plutôt sous-toilés. Le régulateur d'allure a pris la barre et la première journée s'annonce parfaite.
La nuit est calme. Le vent baisse à 15 noeuds mais le courant nous maintient à une vitesse entre 6 et 7 noeuds. Nous ne touchons à rien. Nous sommes sur un tapis roulant ...

Coucher de soleil en route vers Panama

9 avril 2017 (135 milles parcourus)
Au cours de la nuit, la météo est stable et nous passons le Cap de la Vela sans soucis.
Notre seul problème à bord est la fuite au niveau du presse-étoupe qui semble s'amplifier. Nos roulements ont l'air de baigner dans une mayonnaise à l'eau de mer au lieu d'une bonne huile toute propre. Nous envisageons très sérieusement de caréner Brindacier à Panama pour s'attaquer à ce problème au sec avant la traversée du Pacifique.
D'autant plus que le trajet entre Panama et les Galapagos est réputé pour ses calmes plats à cette saison et nécessite donc l'utilisation prolongée du moteur.
Pour les néophites, le presse-étoupe est une pièce qui permet de laisser passer l'arbre d'hélice de l'intérieur du bateau à l'extérieur du bateau sans faire entrer d'eau à l'intérieur. Il existe différent type de presse-étoupe. Celui de Brindacier est au top. Enfin, il le serait s'il ne fuyait pas !!! Il s'agit d'une grosse pièce en métal intégrée à la coque avec des roulements et des joints spi à l'intérieur baignant dans de l'huile. En cas de petite fuite, l'huile est fourni par un vase d'expansion qui se vide au fur et à mesure. Normalement, ça ne devrait pas arriver ... En ce qui nous concerne, le vase d'expansion ne se vide plus dans le presse-étoupe, c'est de l'eau de mer qui semble remonter du presse-étoupe et faire remonter le niveau d'huile dans le vase d'expansion. Et bien évidemment, les roulements ne sont pas faits pour tourner dans l'eau de mer ... Bref, il faut résoudre ce problème !!!

Le trajet entre Panama et les Galapagos risque donc de solliciter pas mal le presse-étoupe. C'est en tout cas ce que lit Sandrine qui s'est plongée à fond dans les documents nautiques des Galapagos et sur le guide de la Polynésie.

A midi, pause sandwich !!! Voilà 2 jours que nous ne nous cassons pas la tête à faire à manger. Nous avons acheté deux longs sandwichs SubWay à Aruba avant de partir et nous avons ainsi assuré deux repas sans cuisine ni vaisselle !!!
Une assiette de pâtes pour Robin et un petit ananas de Fred et Béa de Guadeloupe complètent ce déjeuner.

Le début d'après-midi commence avec une charade que le papa de Robin nous a envoyé par BLU. Sandrine sort victorieuse cette fois-ci. Voici cette charade (numéro 1) :
Mon premier : Rarement seul dans son sac
Mon deuxième : Lié à mon premier, on ne l'aime qu'aux Saintes
Mon troisième : Halé à rester sur le pont
Avec mon tout : Courage, fuyons ...
Nous vous enverrons la solution avec grand plaisir si vous nous la demandez à l'adresse mail
[email protected]

Au cours de la nuit, le vent fluctue entre 15 et 25 noeuds. Nous croisons beaucoup de cargos ... et oui, c'est logique sur la route de Panama, ainsi qu'une plate-forme pétrolière en mouvement à 1,5 noeuds ?!? C'est impressionant par la taille et son éclairage de milles feux. Elle était en plein sur notre route mais nous n'avons pas osé les appeler pour leur demander la priorité ...

Une plate-forme pétrolière de nuit

10 avril 2017 (131 milles parcourus)
C'est incroyable le nombre de poissons volants autour de nous !!! Tous les matins, nous en retrouvons sur le pont du bateau.
Ce matin, en plus des poissons volants, c'est une troupe de dauphins qui accompagne Brindacier sur sa route. Ils nagent calmement dans la vague d'étrave. Seul un petit s'amuse en faisant des sauts à la verticale.

Comme nous l'avons souvent remarqué, la présence de dauphins peut signaler une terre à l'approche, un bateau pas loin, un changement de météo ou, il faut bien le reconnaitre, rien de particulier.
Ce matin, il semblerait que nos amis les dauphins soient venus nous annoncer une augmentation du vent.
Ce dernier monte à 20-25 noeuds apparents au portant et la mer commence à se creuser. C'est tout à fait conforme à la météo reçue par la BLU.

Tiens, en parlant de BLU, ce matin, notre radio-amatrice, responsable des communications à bord de Brindacier, a réussi à discuter avec le réseau du Capitaine !!! Cette association de radio-amateurs est basée au Québec et suit les bateaux au cours de leur navigation, leur donne des conseils, les aident dans leur routage, ... Bon, par contre, ce n'est pas toujours facile de les comprendre avec leur accent et les parasites !!! Une vacation est programmée tous les jours à 7h30 (ou 7h00) heure québequoise. C'est une belle réussite de communiquer ainsi en pleine mer avec des gens si loin !!!

A 12h00, c'est salade de chou, classique, ok, mais c'est bon et il faut finir le chou et les tomates avant qu'ils ne se gâtent.

La mer est maintenant bien formée et le vent établi à 25 noeuds. Il est vrai que la mer des Caraïbes est courte et cassante. Nous ne voudrions pas la pratiquer avec 40 noeuds de vent, vraiment pas !!!

Au cours de la nuit, nous croisons beaucoup de pétroliers qui naviguent entre Panama et la Colombie.
La nuit est agitée et l'éolienne, bien qu'au portant, maintient les batteries à 100% de charge. Ce plus, la barre est toujours sous le contrôle du régulateur d'allure et cela depuis le départ d'Aruba.
Les nuits sont très claires. Nous avons constamment l'impression que le jour va se lever d'une minute à l'autre. C'est la pleine lune et nous y voyons vraiment très très bien.

La pleine lune nous permet d'y voir comme en plein jour

Seul incident dans la nuit, le réveil de Sandrine qui, sur une grosse vague, a traversé le bateau et ne fonctionne plus. Si cela reste notre seule avarie (et cela le sera ...), alors tout va bien. Car de plus, prévoyants comme nous le sommes, nous avons un réveil de rechange (merci Dominique et Alain) !!!
Il faut préciser que sans réveil, nous serions obligés de rester éveiller en continu tout le long de notre quart de 3 heures. Or, avec le réveil, nous nous permettons de dormir par tranche de 20 minutes. Mais pour cela, il faut être certain de pouvoir se réveiller. Et même ainsi, il est arrivé qu'avec ces merveilleux réveils pour sourds et mal-entendants, des 20 minutes se transforment en une heure ...

11 avril 2017 (127 milles parcourus)
Ce matin, la mer est encore agitée avec de longues crêtes blanches en haut des vagues. Parfois, Brindacier monte sur une vague un peu plus grosse que les autres, son arrière se soulève pour la laisser passer et on a l'impression, tellement elles sont abruptes, qu'il va tomber derrière !!! Mais cette mer ne correspond pas au vent qui lui reste aux alentours de 20 à 25 noeuds. En tout cas, c'est rassurant de voir que Brindacier se comportee très bien.

Vers midi, les conditions s'apaisent et nous osons ouvrir les hublots (carré, coursive, WC) pour enfin avoir un peu de fraicheur dans le bateau.

Il fait chaud, chaud, chaud ...

Grosse erreur de débutant !!! Il reste toujours quelques trains de vagues abruptes ... Et hop, voilà l'équivalent d'un seau d'eau de mer qui se déverse dans le bateau. Livres, table, réveil et planchers sont trempés !!! Aux éponges, vite !!!

Et voilà, c'est maintenant le réveil de Robin qui, après la douche ne fonctionne plus. Sandrine s'attaque aux réparations. Son réveil est réparé bien que difficile à régler car les boutons sont un peu récalcitrants. Quant à celui de Robin, après de faux espoirs, il faudra qu'il utilise son téléphone portable à la place ...

Réparation des réveils

 

12 avril 2017 (106 milles parcourus)
Bang !!! Il y a un truc qui est tombé !!! Et ben oui, c'est Sandrine qui a chuté du banc du cockpit sur un coup de roulis ... Et c'est la seconde fois que cela lui arrive. La première, c'était depuis la couchette navigateur à l'arrière tribord. Et ben alors, il va falloir s'amariner un peu plus !!!

Le vent diminuant, nous larguons progressivement les ris. Nous voilà avec une météo superbe : Mer belle, soleil et toutes voiles dehors. En enlevant le ris, nous avons remarqué un petit trou dû au ragage du bas de la GV sur le frein de bôme lorsqu'elle était à 2 ris. Puisque désormais elle est haute et que le temps est beau, nous la réparons tout de suite avec une rustine de chaque coté. Et hop, au moins, c'est fait !!!

Pose d'une rustine sur la GV

   

La mer est bleue scintillante. Elle avait viré au vert au niveau du cabo de la vela sans que l'on sache pourquoi mais la voici de nouveau d'un bleu profond. Le taud de soleil est installé. Tous les hublots sont ouverts. C'est le bonheur.

Brindacier en navigation avec le taud de soleil

A midi, nous dégustons des fajitas très épicées ... Il ne reste plus qu'un seul ananas de Guadeloupe. Il est temps de refaire le plein.

Snifff, notre dernier ananas

Finalement, en fin d'après-midi, nous sommes contraints de réduire la voilure afin de ralentir Brindacier pour ne pas arriver de nuit. Le génois est intégralement roulé et nous naviguons sous GV haute seulement. La vitesse est de 4,5 noeuds en moyenne. Pour digérer les fajitas et se remettre un peu en forme, Robin décide d'accompagner Sandrine dans son sport quotidien (ou presque ...).

Quelques pompes dans le cockpit

La densité de cargos et pétroliers augmente fortement. Toute la nuit, nous scrutons l'horizon et l'écran AIS. A droite, à gauche, devant, derrière, des dizaines de mastodontes des mers. Mais grâce à l'électronique et la veille régulière, tout se passe pour le mieux.

Vue sur l'AIS à l'approche de Panama

    

Arrivée dans le golf de Panama

    

13 avril 2017
Au matin, nous arrivons à l'entrée du port de Colon à Panama. Il y a un air de ressemblance avec Gibraltar. Nous affalons la GV à 06h45 devant les digues du port, entre les cargos. Nous hisssons le pavillon panaméen à tribord et le pavillon Q à bâbord pour indiquer aux douanes que nous devons faire les papiers d'entrée.

Hissage du pavillon de Panama

Ca y est !!! Panama nous tend les bras !!! C'est la fin de Caraïbes et de l'océan Atlantique.
Nous nous dirigeons vers la marina de Shelter Bay. C'est le lieu que nous avons choisi pour attaquer les formalités de passage du canal et attendre notre tour.

Il s'avère que par pure coïncidence, cette marina a également une piscine et un jaccuzi ... Quelle chance !!!

Du 13 au 28 avril 2017 : Escale à Colon (Panama)
Notre première journée s'est avérée très très efficace. Bien que soyons levés depuis 3 heures du matin pour Sandrine et 5 heures pour Robin, nous avons été redoutable en ce premier jour à Panama. Nous avons réussi à faire les papiers à la marina, trouver un agent et faire les papiers pour le passage du canal, avoir le rendez-vous avec le mesureur du canal, prendre rendez-vous pour sortir Brindacier de l'eau et le caréner, faire connaissance avec deux beaux bateaux en aluminium et les inviter à un apéro sur Brindacier le soir même, ... Ouf, que d'activités !!! Pour un week-end de Pâques, c'est pas mal, non ?

Le voilier Folligou à côté de Brindacier à Shelter Bay Marina

    

Du coup, les trois jours suivants se sont écoulés essentiellement entre la piscine, le yoga du matin organisé par des femmes d'équipage américains et surtout les discussions de ponton. Ce qui est très sympas ici, c'est que nous rencontrons des voiliers qui vont faire comme nous : traverser le Pacifique. Ce n'était vraiment pas courant aux Antilles alors là, nous en profitons pour discuter à bâtons rompus les pieds cuisant sur le béton du ponton et le dos cramant au soleil sous la chaleur écrasante de Panama. Finalement, le soir, nous émigrons vers le bar de la Marina où tout le monde se retrouve pour continuer, encore et encore (nous adorons ça ...) les discussions commencées au gré des rencontres pendant la journée.

Scéance de yoga du matin et vue du bar de la marina

    

Un matin, nous allons faire une promenade vers une plage avec nos amis du voilier Kenavo, un Allure 44. Notre objectif : voir des singes hurleurs dont le cri est vraiment impressionnant. Nous verrons bien des singes sur la route du retour mais pas ceux-là. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois.
Il faut dire que l'ambiance à Panama est assez différente de celle des Antilles car les bruits sont ceux de la fôrêt tropicale. On se croirait en pleine jungle. Le cri des oiseaux, celui des singes, la chaleur humide qui nous fait dégouliner sans raison à longueur de journée sont très dépaysants.

Promenade le long de la plage avec Christiane et Yves du voilier Kenavo

    

    

Découverte d'un paquet suspect sur la plage : Le détective Robin enquète ...

    

Ce lundi 17 avril, nous avons rendez-vous avec le mesureur. Il s'agit d'un officiel du canal de Panama qui vient prendre les mesures exactes du bateau. Nous hésitions à enlever l'ancre du davier pour gagner 30 cm mais finalement, nous avons appris que c'est le même prix pour tous les bateaux de moins de 50 pieds. N'en faisant que 38, nous ne pensons pas que Brindacier pourrait être mesuré à 50 pieds ...
Nous sommes tout de même arrivés à 41 pieds !!! Qu'il est grand notre bateauuuuuuu ...
Notre mesureur est très sympa et une fois la mesure terminée nous allons finir les papiers sous la climatisation bienvenue du bar de la marina. Ouf, ça fait du bien.
Là, il nous explique comment ça va se passer et le plus important, nous donne le numéro de téléphone du scheduler (planificateur) du canal. Il faut l'appeler tous les 3 jours pour connaître notre date de passage du canal qui peut éventuellement bouger.

Notre mesureur nous explique les arcanes du canal de Panama

Mais avant de pouvoir lui téléphoner, il faut que Brindacier soit enregistré dans le système et pour ça, il faut aller payer le passage du canal à la City Bank à Colon. C'est notre agent Tito qui doit nous y emener demain. Grrrr, nous aurions bien aimé y aller aujourd'hui même mais il est en train de passer le canal sur un voilier et ne peut donc être là pour nous emener à Colon.
Nous aurions pu y aller tout seul il est vrai, mais Colon est réputée pour être une des villes les plus dangereuses du monde !!! Même les panaméens sont d'accord avec ça, alors autant ne pas tenter le diable ...

Le lendemain, Tito vient donc nous chercher pour aller à la City Bank dont nous ressortons allégés de 1850$US !!! Heureusement que nous avions retirés tous ces dollars à Saint Martin en prévision de ce moment car entre les plafonds de carte bleue, les distributeurs qui ne fonctionnent pas, ... Nous aurions été bien embêtés si nous n'avions pas prévu ça avant. Ben quoi, un peu d'auto-satisfaction n'a jamais fait de mal ...

Des dollars, des dollars pour passer le canal ...


Après le passage à la City Bank, Tito nous emène tamponner nos passeports à l'immigration puis dans une boutique pour acheter des roulements pour notre presse-étoupe. Finalement, le taxi nous ramène à la marina en fin d'après-midi après une journée encore bien remplie.

Brindacier étant désormais enregistré dans le système du canal de Panama, nous pouvons appeler le scheduler pour connaître notre date de passage. Date annoncée : le 15 mai !!! Arghhhh, que c'est tard. Normalement, il faut compter entre 5 et 10 jours d'attente. Mais cette année est exceptionnelle, tout le monde s'accorde à le dire. Nous avons essayé de comprendre pourquoi et il semblerait que le passage d'un rally de 35 voiliers ait occasionné tout ce retard. D'abord, les voiliers ont dû passer. A la suite de quoi, les advisors (les pilotes qui montent à bord du voilier pour le guider pendant le passage) et les toulineurs (les personnes du canal qui gèrent les amarres au niveau des écluses) sont partis en vacances. Du coup, il faut compter environ 1 mois avant de pouvoir traverser !!!

Bon, heureusement, nous avons prévu de profiter de ce temps mort pour caréner Brindacier. Cela nous a paru opportun car nous ne savions pas où le faire par la suite et en plus, il paraît qu'il faut avoir une coque impeccable pour ne pas se faire refouler aux Galapagos.
Comme à chaque fois que nous devons sortir un bateau de l'eau, nous sommes assez inquiets. Un bateau hors de l'eau n'est pas dans son élément. La manutention peut abîmer le bateau, la vie à bord sans toilettes, sans eau (pour ne pas la faire dégouliner le long de la coque en travaux), les montées et descentes incessantes à l'échelle, ... sont autant d'inconvénients avec lesquels il faut vivre lorsque le bateau est à terre. Mais quand il faut, il faut !!!

Brindacier est sorti de l'eau par de vrais professionnels le mercredi 19 avril. Il y a même une personne qui se met à l'eau avec un masque dans la fosse pour vérifier que les sangles sont bien positionnées pour ne rien abîmer lors du grutage !!!

Vérification de la position des angles avant le grutage

Sortie de l'eau de Brindacier

    


Puis, les cales sont installées. Alors là, Brindacier est bien calé : 11 cales !!! C'est nickel, il ne va pas bouger. Par contre, toute la surface se qui se trouve sous ces cales ne pourra pas être peinte correctement. Tant pis, on fera avec, il vaut mieux ça que de retrouver le bateau par terre ...

Ces jours de carénage sont vraiment durs !!! Nous bossons comme des fous sous une chaleur écrasante. Il fait 35 °C dans le bateau et nous n'essayons même pas d'imaginer combien il fait dehors au soleil !!!
Les travaux s'enchainent à un bon rythme. Nous ne voulons pas trainer car nous nous sommes engagés à passer le canal comme handliner sur le voilier Folligou et il ne faudrait pas que ça se passe pendant le carénage. De plus, c'est la première fois que nous payons plus cher à terre qu'à flot : 40$US/jour au lieu de 28$US !!! Nous nous retroussons les manches :

Jour 1 : 19 avril 2017
Brindacier est calé vers 10h30. Nous passons le kärsher sur toute la coque et nous enlevons l'hélice car notre presse-étoupe nous joue des tours ...

Passage du käscher sur la coque

    

Retrait de l'hélice


Nous décidons de manger le midi au bar de la marina car vu le bazar à bord et l'absence d'eau, c'est vraiment galère de faire à manger, dégager la table des outils et de la peinture, faire la vaisselle, ... Et puis, il faut bien avouer que la pause de midi dans la salle climatisée avec une petite bière est carrément divine !!!

Jour 2 : 20 avril 2017
Robin passe un coup de brosse inox sur toute la surface sous-marine de la coque avec la meuleuse. Il en a du courage car c'est vraiment un travail physique harassant dont on ne voit pas le bout !!! Nous enlevons aussi nos 11 anodes à la meuleuse.

Brossage de la coque

    

Retrait des anodes

    

Jour 3 : 21 avril 2017
Nous avons décidé de remonter la ligne de flottaison car elle est vraiment trop basse avec le chargement pour le voyage et les réservoirs de gasoil que nous avons rajoutés. Cette journée est entièrement consacrées à la préparation de la coque entre l'ancienne ligne de flottaison et la nouvelle pour que le Métagrip (notre anti-corrosion / anti-fouling) adhère bien. Et là, grrrrrr, nous nous en doutions, la peinture de coque blanche s'enlève par plaques à plusieurs endroits et en particulier au niveau de l'étrave. Bon, ben, au moins, cela nous oblige à attaquer ce problème de front !!! Nous sommes bons pour 4 couches de peintures diverses et variées ...

Relevage de la ligne de flottaison et réparation de la peinture qui s'en va

    

La journée se termine en soudant les nouvelles anodes à la coque. Heuuuu, comment dire ... Heuuu, Gilbert, le cours de soudure de Sandrine semblent bien lointains et bien que les anodes paraissent tenir, l'esthétique n'est pas vraiment au rendez-vous ... Il va falloir un peu d'entrainement si nous devons souder autre chose que des anodes ...

Soudure des nouvelles anodes

Jour 4 : 22 avril 2017
Tout est prêt, Sandrine s'occupe de peindre les deux couches d'anti-fouling sur la coque pendant que Robin aidé d'Alain (mécanicien en voyage sur son GinFizz) s'attaque au presse-étoupe. Tous les deux, penchés sur les plans, les mains dans les roulements pour les vérifier, changent les joints spi par des neufs. Comme nous avions déjà fait l'opération avant la première mise à l'eau de Brindacier, cela ne nous effrayait pas trop. Mais les conseils et astuces d'un professionnels sont vraiment les bienvenus. Merci Alain pour ton aide efficace et sympathique.

Passage de l'anti-fouling

    

Démontage et remontage du presse-étoupe

    

D'ailleurs, heureusement que nous avions attaqué le presse-étoupe le matin même car après son appel au scheduler, Alain est finalement parti en catastrophe pour traverser le canal l'après-midi même. Il devait passer le 13 mai et le scheduler lui a proposé d'avancer la date à ce jour même !!! Lorsqu'un créneau se libère, il faut sauter dessus !!!
Du coup, Paquita, son équipière depuis Saint Martin qui devait débarquer lundi se retrouve à la rue. Nous lui proposons de l'héberger pour une nuit en attendant qu'elle trouve une autre solution. Il est vrai qu'entre les pots de peinture, les outils, le manque d'eau et de toilettes, la vie à bord ressemble au parcours du combattant. Mais bon, nous ne pouvions pas laisser une dame de 64 ans dormir sur la plage !!! Alors nous voici à trois dans un capharnaum incroyable ...

Paquita et Robin sur internet

 

Jour 5 : 23 avril 2017
Il nous reste désormais à peindre là où la peinture blanche était partie et à passer l'anti-fouling sur l'hélice. C'est moins fatiguant et cela demande moins de temps : Environ 1 heure par couche en promenant un providentiel échauffage le long de la coque pour atteindre les parties les plus hautes. De toute façon, nous devons attendre 48 heures entre la mise à l'eau et la dernière couche d'anti-fouling, alors VIVE LA PISCINE !!!

Jour 6 : 24 avril 2017
Nous passons les dernières couches de peinture blanche et nous terminons l'anti-fouling de l'hélice. Nous sommes désormais prêt pour la mise à l'eau prévue demain midi. Les couches de peinture doivent s'enchainer quelque soit l'heure ...

Séance de peinture après l'apéro : dur dur ...

    

Les choses se précipitent. Lors de notre appel régulier au scheduler, celui-ci nous indique que nous pouvons passer demain, samedi 29 ou le 2 mai. Pour éviter de partir dans la précipitation, nous optons pour le 2 mai, ce qui devrait nous laisser le temps de faire l'avitaillement, les pleins d'eau et de gasoil.
Kenavo, eux, se voient proposer un départ pour l'après-midi même alors qu'ils ne devaient passer que vendredi !!! Quant à Folligou, le voilier sur lequel nous devons passer le canal pour nous entrainer, ils passent demain !!!
C'est le branle-bas de combat sur tous les bateaux. Ceux qui ne voient pas leur date avancée font un peu la tête, ceux qui voient leur date avancée courent partout car ils ne sont pas prêts, n'ont plus de handliners, ...
De notre côté, nous allons négocier une mise à l'eau tôt le lendemain matin afin de pouvoir embarquer sur Folligou à midi. Ca y est, après une âpre négociation menée de main de maître par Carole de Folligou, nous serons mis à l'eau à 8h00 demain matin.
Bon, maintenant que ça, c'est réglé, nous sortons nos bidons pour aller faire le plein de gasoil au Panama Star, une barge située à côté de l'aire de carénage. Nous prenons 40 gallons, c'est à dire 150 litres que nous montons avec un bout sur le pont de Brindacier toujours calé à terre.
Nous complétons nos pleins et réorganisons le rangement dans les coffres afin de rendre les bidons de gasoil plus accessibles en vue de la traversée vers les Galapagos réputée sans vent et donc souvent faite au moteur.

Ca y est, le 25 avril 2017, Brindacier est remis à l'eau avec précaution à 8h00, juste le temps de brosser sous les patins des cales et d'y mettre une petite couche d'anti-fouling et hop, le revoilà dans son élément.

Remise à l'eau de Brindacier

    

Nous retournons à la place que nous occupions avant le carénage, nous préparons nos affaires pour embarquer sur Folligou et nous filons prendre une douche rapide. Finalement, nous prenons quand même le temps d'aller boire une (ou deux ...) petites bières en mangeant en morceau.

Ouf, quelle cavalcade depuis notre arrivée à Panama !!! Traverser le canal sur un autre voilier que le nôtre, c'est pour nous comme des grandes vacances !!! Nous avons juste à nous occuper des amarres dans les écluses.

Au travail dans les écluses montantes

    

Pas de repas à préparer, pas d'inquiétude sur la marche du bateau, ... En plus, nous sommes super bien accueillis et nous discutons à bâtons rompus.
Nous passons les écluses tout seul au milieu avec un cargo devant pour les trois écluses montantes et un cargo derrière pour les trois écluses descendantes.

Entre les écluses montantes et descendantes, il y a un grand lac à traverser, le lac Gatun, où nous passons la nuit amarré à une bouée. Il y a beaucoup de remous dans les écluses montantes et la première nous a surprise. Mais quand on le sait, après ça va mieux.

Repas du soir sur le lac Gatun préparé par Carole

    

Pendant que Daniel joue du Youkoulélé

Lever de soleil sur le lac Gatun


La traversée du lac Gatun se passe tranquillement sous un ciel couvert qui donne de très beaux reflets des îles sur l'eau.

Un îlot sur le lac Gatun

Finalement, nous sortons du canal de Panama et nous nous amarrons à une bouée du Balboa Yacht Club vers 18h00. 

Le repos des guerriers après la dernière écluse ...

Daniel et Carole nous permettent de rester une nuit de plus à bord afin de ne pas avoir à arriver à Colon de nuit. Le punch et le youkoulélé sont de sortie pour fêter dignement ce passage très réussi tout en essayant de faire marcher la réception des fax BLU avec l'antenne VHF de Folligou. Et ça a marché !!! Cela reste un mystère pour nous que nous espérons bien résoudre bientôt ...

Réception d'un fax sur la BLU de Folligou via son antenne VHF !!!

Le lendemain matin, nous quittons le bord de Folligou en utilisant un taxi boat qui nous dépose à terre. De là, nous prenons un taxi qui nous emène dans un magasin pour acheter deux cartes traversières du Pacifique. Ca sent bon le large !!!

Au-revoir Folligou et merci pour ces bons moments

Ce même taxi nous emène ensuite à la gare routière de Allbrooks où nous sautons dans un bus direction Colon. Cette petite heure de trajet nous permet de souffler un peu tout en regardant défiler le décor de Panama.
Nous arrivons au bon moment au centre commercial de Quatro Alto où nous pouvons monter dans le bus de la marina qui fait deux allers/retours par jour entre ce centre commercial et la marina.

La marina est située de l'autre côté du canal par rapport à Colon et de ce fait, le bus doit, pour traverser, soit prendre un ferry, soit passer au-dessus des premières écluses ce qui fait que le trajet peut durer au moins 1 heure alors qu'il y a peu de kilomètres à parcourir. Cette marina est sur un terrain de l'aéronaval. Elle est donc très sécurisante et nous pouvons nous promener sans crainte sur les routes qui passent dans la jungle.

Nous retrouvons Brindacier bien sagement amarré à sa place avec tout son bazar à l'intérieur ... Notre appel périodique au scheduler chamboule tous nos plans !!! Bien que nous ayons confirmé notre passage le 2 mai à plusieurs reprises, nous voilà repoussés au 6 mai. Nous protestons tant et si bien que finalement, il nous propose un passage pour le lendemain Arghhhhh, nous ne sommes pas prêts du tout !!! Mais un "tient" valant mieux qu'un "tu l'auras", nous acceptons cette date.
Branle-bas de combat sur Brindacier : rangement des outils, avitaillement express à l'épicerie ruineuse de la marina pour pouvoir nourrir 6 personnes pendant 2 jours petit déjeuner inclus, appel de Tito, notre agent, pour récupérer les lignes, les pneus et faire notre sortie du pays, ... Et en plus, nous devons boucher une fuite d'eau à notre réservoir d'eau douce tribord avant de le remplir !!!
Et tout ça vitesse grand V car ce soir, nous sommes invités à un barbecue !!!

Réparation du réservoir d'eau douce tribord

Oufffff, aujourd'hui ce 28 avril : NOUS PASSONS LE CANAL DE PANAMA !!!
Nous sommes un peu en vrac, mais ça va le faire ...

Du 28 au 29 avril 2017 : Passage du canal de Panama
Le passage du canal de Panama est lourd de sens à bien des égards : nous changeons d'océan, nous traversons un continent, nous nous éloignons de nos familles et à partir de maintenant, le retour sera plus difficile car contre le vent (sauf si nous décidons de faire le tour du globe ...). Mais devant nous le Pacifique nous tend les bras et nous sommes heureux comme tout !!!

Voici le programme de notre passage :

Jour 1
- 12h00 : Départ olé-olé de la marina suite au refus de tourner de Brindacier dans les pannes à cause du vent ... Mais c'est passé sans rien toucher ...

Brindacier en vrac avec tout sur le pont ...


- 13h00 : mouillage aux flats (zone de mouillage réservée pour les voiliers en attente du passage du canal). Préparation du bateau : protection des panneaux solaires avec un matelas de plage, arrêt de l'éolienne, rangement de l'annexe sous la bôme, rangement de la capote, installation des amarres (4x100 en 22mm louées à Tito), installation de 8 pneus en guise de pare-battage (4 fournis par Tito et 4 récupérés sur un voilier arrivant du Pacifique), transfert de tout le bazar des couchettes arrières dans le carré pour pouvoir faire dormir 3 personnes de plus.

Installation des pneus le long des bordés


- 15h30 : arrivée de Tito avec sa femme Monica et son fils Pedro en bateau taxi. Ce seront nos handliners pour le passage. Il en faut au minimum 4 pour avoir le droit de passer le canal, un par amarre. Robin fera le quatrième le premier jour pendant que Sandrine sera à la barre et nous inverserons nos rôles le deuxième afin que chacun de nous ait le plaisir de passer les écluses à la barre de Brindacier.
- 17h00 : arrivée de l'advisor à bord. Son rôle est de nous guider tout le long du passage de Panama, c'est à dire nous dire où aller et quand, comment nous amarrer, etc ... C'est vraiment lui qui gère toutes les manoeuvres.

Tito's family : notre handliners de choc !!!     Arrivée de Robin, notre advisor pour les écluses montantes      

    

- 17h15 : départ vers la première écluse.
- 18h00 : nous passons sous le pont en construction où Didier, qui travaille sur le pont, demande au grutier à 150 mètres de haut, de nous prendre en photo lors de notre passage. La construction de ce pont est phénoménale !!! La grue est montée au fur et à mesure le long de la pile et devrait finir à 222 mètres de hauteur. Lors du barbecue de la veille au soir, nous avons rencontré Eric, le monteur de la grue, qui habite sur un voilier à la marina. Il nous a expliqué en détail comment il faisait pour rallonger la grue par pas de 5m70. Ils sont 26 au monde à faire ce genre de travail. C'était très impressionnant de l'écouter parler !!!

Le nouveau pont en construction

   

- 19h00 : Le pilote nous explique que nous devons nous amarrer à couple d'un catamaran sur tribord, lui-même amarré à un remorqueur amarré au mur de l'écluse. Oupsss, entre le catamaran qui semble ne pas très bien savoir gérer son bateau et le peu de place qu'il nous reste entre notre bâbord et le mur, nous ne faisons pas les fiers !!! La nuit est tombée et l'arrivée dans l'écluse est majestueuse. Nous attendons que le cargo entre en premier, que le remorqueur se place et que le catamaran s'y amarre avant de nous glisser à notre tour entre le mur et le catamaran pour nous y attacher. Ca y est, nous y sommes. Après quelques cafouillages dans notre mise à couple dûs au fait qu'il manque un taquet au catamaran et qu'il a très peu de points d'ancrage, l'eau commence à monter dans l'écluse. Ca remue fort !!! Les lignes sont reprises rapidement mais tout se passe bien.

Arrivée dans la première écluse                                         Dans l'écluse : le mur, le remorqueur, Brindacier

    

Les remous lors de la montée de l'eau

- 19h20 (environ) :  Le cargo passe dans l'écluse suivante. Puis nous devons nous désacoupler du catamaran et nous amarrer rapidement au début de l'écluse suivante afin de laisser passer le gros remorqueur qui passe à fond en faisant de gros remous. Nous sommes vraiment heureux d'avoir Tito et sa famille comme handliners car ils savent parfaitement ce qu'il y a à faire et anticipent tous les problèmes. C'est un équipage au top du top. Pendant ce temps-là, Robin veille à ce que rien n'abîme le bateau et notre belle peinture toute neuve. Une fois que le remorqueur est passé, nous refaisons la même manoeuvre que lors de notre entrée dans la première écluse. Et ainsi de suite, jusqu'à la troisième.

Sortie du cargo de l'écluse

Repos du barreur pendant que les handliners veillent au grain au passage du remorqueur

    

- 21h15 : Nous sortons de la troisième écluse montante derrière le cargo. Nous sommes sur le lac Gatun. Tout s'est bien passé. Du stress à enchainer toutes ces manoeuvres : mise à couple, amarrage au mur, mise à couple, amarrage au mur, mise à couple, ... mais rien d'autre, aucune éraflure et la bonne humeur sur le bateau.
- 21h45 : Nous nous amarrons sur une des deux bouées du lac pour y passer la nuit. Le catamaran nous fait encore une petite frayeur en s'approchant un peu trop près de notre étrave à son arrivée à la bouée mais finalement, pas de bobo. Il faut dire que le capitaine a l'air de ne pas très bien savoir gérer ses deux moteurs et ses 4 handliners sont des auto-stoppeurs qui ne connaissent rien aux bateaux. Ceci explique donc cela. Mais le problème est qu'en cas de fausse manoeuvre, il peut casser non seulement son bateau, mais aussi le nôtre !!! Un bateau vient récupérer notre advisor qui a fini sa journée de travail.- 22h00 : Pendant que Robin nous prépare le plat de pâtes prévu au repas de ce soir, Tito's family prend sa douche à l'aide d'un seau à l'avant du pont. C'est un vrai bonheur de les avoir à bord. Ils sont plein de bonne humeur et vraiment faciles à vivre. Le repas avalé, tout le monde se met au lit car la journée a été bien remplie.

Jour 2
-8h00 : Tout le monde se réveille. Sandrine prépare un petit déjeuner copieux : omelette aux saucisses, café, thé, tartines grillées, jus d'orange, ... Finalement, on mange beaucoup mieux sur Brindacier quand on a des invités !!! Douche au seau pour Pedro et Monica alors que Tito tente une petite baignade dans le lac Gatun. Il hésite longuement avant de se jeter à l'eau à proximité de l'échelle, un peu inquiet après avoir vu quelques bulles à proximité. Il faut savoir que le lac Gatun abrite des alligators. Et ce n'est pas une légende, nous en avons vu !!!

La douche du matin de Pedro et petit déjeuner pour tout le monde

    


- 9h30 : Notre nouveau pilote arrive. Il est très gentil et veille à ne surtout pas déranger !!! Il a tout de même le droit à une omelette aux saucisses en guise de bienvenue. Nous partons sous ses directives pour la traversée du lac Gatun. Il est étonné par la vitesse que peut atteindre Brindacier au moteur. Du coup, voyant que nous pourrions passer plus vite que prévu les écluses, il nous demande d'aller à 7 noeuds, ce que nous faisons bien volontiers en mettant le moteur à 2100 tours. Il faut dire que le courant nous aide bien ...

La jupe de Brindacier dans l'eau à 7 noeuds ...

    

- 14h30 : Un gros grain arrive juste au moment où nous nous approchons de la première écluse descendante nommée Pedro Miguel. Nous sommes trempés. Nous débranchons l'électronique du bord.

Un joli grain avant les écluses descendantes et Ricardo notre advisor du jour

    

Le gros cargo qui doit se mettre derrière nous dans l'écluse indique à notre advisor qu'il ne peut pas s'arrêter avant d'entrer dans l'écluse car il y a trop de vent. Il nous demande donc de dégager et d'attendre le prochain passage. Notre advisor décide de forcer le passage et nous demande d'entrer rapidement dans l'écluse avant que le cargo n'y aille. Pas de soucis, il y a de la marge. Nous entrons et nous mettons contre le mur à bâbord. Le même catamaran que la veille vient s'amarrer à notre tribord comme une fleur. Oufff, nous appréhendions un peu sa manoeuvre. Puis, ensemble, en convoi, amarré à couple, nous allons nous mettre au centre de l'écluse, tenus de chaque côté par amarres tendues en haut des murs de l'écluse.
Normalement, il y a 2 toulineurs de chaque côté de l'écluse qui lancent chacun une pomme de touline sur le bateau qui est de leur côté. Les handliners récupèrent leur pomme de touline respectives et y attache leur amarre. L'amarre est ensuite tirée à terre par le toulineurs qui l'attache au mur de l'écluse. Quand le niveau de l'eau baisse dans l'écluse, les handliners n'ont qu'à donner du mou dans leur amarre au fur et à mesure. Bon, le hic est que nous n'avons pas de toulineur de notre côté. Mais la Tito's family gère très bien la chose et se débrouille pour passer les amarres sur le mur sans aide. Les écluses descendantes sont plus faciles avec moins de remou. Le cargo vient se placer ensuite derrière nous. Les portes de l'écluse se ferment.

Le cargo vient se placer derrière nous, tout près derrière nous ...

    

- 15h00 : Nous sortons de l'écluse et toujours à couple, nous parcourons le mille qui nous sépare des deux dernières écluses nommées Miraflores. Etant donné le manque de capacité du catamaran à gérer la manoeuvre, l'advisor décide que c'est Brindacier qui dirigera le convoi. C'est bien, au moins, nous ne subissons plus les erreurs de notre voisin et nous sommes plus sereins. Nous en profitons pour dévorer la salade de riz préparée par Sandrine ainsi que le riz au lait encore tiède en dessert. Avec pluie, ça réchauffe ...
- 15h30 : Toujours sous la pluie, nous entrons avec le catamaran à couple dans la première écluse de Miraflorès. Tout se passe bien à part le fait que nous n'avons toujours pas de toulineur ... Mais ça roule. Finalement, ils arrivent, récupèrent les amarres directement de la main à la main et nous nous retrouvons au milieu de l'écluse avec le catamaran sur tribord et le gros cargo derrière.

Entrée dans les écluses de Miraflorès

    

Miraflorès est composée de deux écluses successives. Le cargo passe d'une écluse à l'autre tracté par des locomotives.

Le passage d'un carge d'une écluse à l'autre tracté par des locomotives

    

Il y a un centre de visite du canal de Panama au niveau de ces deux dernières écluses et c'est sous les flashs des photographes que nous entrons dans le Pacifique. Un pélican sur le garde-corps d'une des portes de la dernière écluse est là pour nous souhaiter la bienvenue !!!

Le centre de visite de Miraflorès

    

Le Pacifique est là, juste derrière !!!

Les portes s'ouvrent sur le Pacifique !!!

    

- 17h30 : Notre advisor quitte le bord, récupéré par une pilotine. Heureusement, nous avons eu 5 minutes pour lui faire visiter Brindacier et il a beaucoup aimé.
- 17h45 : Nous nous amarrons sur une bouée du Balboa Yacht Club à proximité de nos amis de Folligou. Tito, Monica et Pedro débarquent en bateau taxi avec les amarres et les pneus. Nous voilà de nouveau seuls sur Brindacier mais cette fois dans le PACIFIQUE !!! C'est fait !!!

La traversée du canal de Panama par Brindacier, Robin, Sandrine, Monica, Tito et Pedro avec l'aide des advisors Robin et Ricardo

Ce que nous concluons de cette traversée du canal, c'est que c'est une expérience inoubliable !!!
L'organisation du canal, de son entretien, ses plannings, les nombreuses ressources mises en oeuvre (remorqueur, advisor, pilotes, toulineurs, locomotives, ...) sont très bien gérés. tout semble tourner comme une horloge.
Pour notre plus grand plaisir nous avons pu voir tout ça de nos yeux et croiser d'énormes cargos, plein de remorqueurs, rencontrer des panaméens très gentils et professionnels pour qui même un petit voilier (qui ne leur fait gagner que 800$US au lieu de 1 000 000$US pour un gros cargo) doit être traité avec égard. En bref : nous avons apprécié chaque moment de cette traversée.

Quelques images pour illustrer ce propos

    

    

    

    

Avant de se reposer, nous décidons de ranger un peu afin de retrouver un environnement plus agréable. Tout le matériel qui se trouvait dans le carré retrouve sa place dans la couchette arrière bâbord. La capote est remontée, les panneaux solaires découverts et l'éolienne relâchée. Les pare-battage sont installés sur les côtés de Brindacier afin de les protéger des bateaux taxi qui permettent d'aller à terre ou de bateaux en bateaux.
Nous expérimentons l'appel de ces lanchas pour aller inviter Folligou à l'apéro sur Brindacier car nous sommes impatients de leur raconter notre passage par le menu. Malheureusement, fatigués par le roulis incessant de ce mouillage, ils nous proposent de remettre notre invitation au lendemain. Nous fêtons donc dignement notre arrivée dans le Pacifique en tête à tête dans le cockpit une petite bière dans une main et le paquet de chips dans l'autre. Oui, oui, on le sait bien, ce n'est pas très équilibré comme repas, mais on s'en remettra ...

 

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007 - Avril 2017