1er février 2019 : Navigation de Deception à Trinity - mouillage de Port Mikkelsen (64 milles) Un gros bateau de croisière fait son entrée par le Soufflet de Neptune. Nous le laissons passer avant de nous y engager à notre tour. Une fois dehors, nous hissons la GV avec 2 ris, puis nous déroulons le génois. Comme ça fait du bien de faire un peu de voile. Brindacier semble tout ragaillardi par ce long bord de près. C'est comme s'il s'ébrouait au sortir d'un long sommeil. Le temps est splendide et les paysages incroyables. Nous croisons quelques icebergs. Navigation au près serré dans des paysages somptueux
La veille visuelle continue est obligatoire pour surveiller la glace flottante, les baleines, ... Malgré le froid, c'est un vrai régal pour les yeux. 64 milles est une longue distance à parcourir d'une traite mais les journées sont très longues et rend la chose tout à fait réalisable. La visibilité est incroyable, nous voyons l'île Trinity située à plus de 50 milles de distance !!! A l'approche de l'île, le vent tombe et nous mettons en route le moteur. Mais peu de temps après, le vent se lève de nouveau : 25 noeuds de face. Ce n'est pas du tout ce que nous avions prévu. Il reste peu de route à parcourir mais ce peu est vraiment désagréable car le vent lève un clapot qui heurte Brindacier et le chenal est bien encombré de glace. C'est notre première navigation à touche-touche avec les glaçons et nous n'en menons pas large. Mais comme on dit : "C'est en forgeant que l'on devient forgeron ...". Première navigation dans les glaçons
Lorsque nous arrivons en vue du mouillage prévu, nous sommes dépités. Le mouillage n'a pas l'air protégé de la mer ni du vent et même pas de la glace dérivante !!! Ah là là, mais quand donc allons-nous pouvoir souffler un peu !!! Notre première manoeuvre se solde par un échec. Il faut dire que ce n'est pas facile avec le clapot, le vent et le growler qui se trouve juste à côté de là où nous devons mouiller. Bon, nous remontons lentement le mouillage complet (60 mètres de chaîne plus l'ancre) qui pendouillent dans le bleu. Finalement, changer le moteur de 1200 Watts du guindeau par un 1500 Watts aurait été une bonne idée ... Mais nous avions d'autres chats à fouetter ... Notre seconde manoeuvre est mieux réussie. Nous avons abordé le haut-fond d'un autre côté et cela nous permet d'avoir 20 mètres de fond sur plusieurs longueurs pour laisser à l'ancre le temps de crocher avant de se retrouver dans le bleu. Ca y est, ça tient !!! Nous prenons plusieurs amers afin de vérifier régulièrement que nous ne dérapons pas. Vue de l'île Hainaut avec sa colonie de manchot papou et le refuge argentin Ouf, après environ 13 heures de navigation, nous pouvons souffler un peu, allumer le poële et nous restaurer. Malheureusement, la glace rentre dans le mouillage et nous décidons de faire des quarts de nuit afin de veiller qu'aucun iceberg ni growler ne vienne coincer Brindacier pendant la nuit. Normalement, le vent devrait tomber pendant la nuit. En effet, à 03h00 du matin, Sandrine blottie à proximité du poële pendant son quart de veille, observe une acalmie et finalement, nous décidons que nous pouvons dormir un peu sans trop d'inquiétude. Les gowlers qui entrent dans le mouillage Au petit matin, le vent n'est pas aussi faible que prévu et nous ne nous sentons pas tranquille car beaucoup de plaques de glaces semblent vouloir entrer dans la baie. Grrrr ... Nous ne pourrons pas aller à terre visiter la cabane et observer les nombreux manchots que nous voyons dans les jumelles. 2 février 2019 : Navigation de Trinity à Entreprise (51 milles) Que du bonheur, même camoufflés sous des couches de vêtements ...
Nous sommes très étonnés du nombre de bateaux que nous voyons sur l'AIS. Finalement, nous ne sommes pas aussi seuls que nous l'avions pensé et c'est assez rassurant malgré tout. Nous sommes loin d'être seuls ...
Pendant la navigation, nous croisons quelques baleines assez éloignées et un petit iceberg au sommet duquel trône un oiseau absolument pas dérangé par notre passage. Un iceberg habité
Le sondeur est un bon moyen de vérifier l'exactitude des cartes et nous sommes contents qu'il soit réparé. Nous vérifions que la profondeur change là où elle devrait quand Brindacier passe une ligne de niveau sur la carte. A priori, cela semble plutôt juste même si certaines remontées de fond ne sont pas indiquées. Arrivée à Entreprise
Amarré de l'autre côté, nous retrouvons un voilier finlandais avec qui nous avions fait connaissance au Micalvi. Nous irons leur dire bonjour demain car pour le moment nous devons porter des amarres à terre pour éloigner Brindacier de la coque rouillée de l'épave. En effet, les flancs de l'épave pourraient racler le coté de Brindacier et à marée basse nous pourrions même nous poser dessus !!! Robin porte les amarres à terre pour éloigner Brindacier de l'épave
Et voilà !!! Le poële est allumé et le carré se réchauffe. Quel bonheur de se poser un peu l'esprit et le corps au repos. Nous savourons ces heures paisibles. Allez, au lit, il est temps de dormir sur nos deux oreilles, enfin ... Réveil dans un lieu improbable ... Le lendemain, le temps est magnifique. Nous mettons l'annexe à l'eau pour aller voir si les baleines sont toujours à l'entrée. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Mais la mer est tellement calme que nous en profitons pour pousser un peu plus loin. En cas de problème, nous avons pris avec nous dans un sac étanche, un Vhf portable, de l'eau, des bananes sêchées, ... Enfin bref, de quoi appeler à la rescousse au cas où et attendre sans mourir de faim ni de soif. Mais il n'y a pas de raison que cela arrive. Ballade en annexe
Puis, nous accostons sur des rochers à proximité d'un endroit où nous avons repéré des phoques. Bien qu'ils soient agressifs et qu'il faille s'en méfier, Sandrine aimerais bien voir un phoque léopard. Ceux dont nous nous approchons n'en sont pas. Ils sont tranquilles et nous surveillent du coin de l'oeil sans aucune trace d'inquiétude. Nous respectons les distances autorisées et nous zoomons à fond sur l'appareil photo. C'est dommage que les documents que nous avons à bord ne soient pas assez détaillés pour nous apprendre à les reconnaître, mais c'est quand même trop COOOOOOL !!! Première rencontre avec les phoques
L'annexe n'est pas très heureuse à frotter contre les rochers, même si ceux-ci sont bien ronds et sans coquillages. Aussi, nous ne nous attardons pas trop et nous rentrons sur Brindacier, notre home sweet home. Il y a foule à Entreprise !!! Le reste de la journée se passe tranquillement. Le repos est de mise. Comme cela fait du bien d'avoir enfin l'esprit tranquille et ne pas être constamment sur le qui vive !!! Home Sweet Home
Ce soir, il commence à neiger. Le rêve de Robin de voir Brindacier avec une belle couche de neige va peut-être se réaliser, qui sait ... Le poële réchauffe l'eau des bouillotes et les firi-firi
Au réveil, nous ne voyons plus dehors à travers les hublots. Brindacier est recouvert d'une belle couche de neige. Comme c'est beau !!! Tout est paisible. Les bruits sont étouffés par cette belle couverture. Vraiment, quel bonheur !!! Nous sommes vraiment contents d'être ici et en plus, nous l'avons amplement mérité. Brindacier sous la neige
Bon, ce n'est pas tout ça, mais il vaut mieux être prudent et ne pas laisser la neige trop s'accumuler au cas où il faudrait partir pour une raison ou une autre. l'un, muni de ses gants de pêcheur bien étanche et l'autre de la pelle et de la balayette, nous mettons deux heures pour libérer Brindacier de toute cette neige. C'est moins beau, c'est sûr, mais tant pis. Aujourd'hui est donc LA journée moteur : vidange de l'huile moteur, vidange de l'huile de l'inverseur, changement du pré-filtre à gasoil du moteur (post réservoir journalier), changement du filtre à gasoil moteur, nettoyage du pré-filtre décanteur (pré réservoir journalier), nettoyage du filtre à air, vérification des connexions, vérification de la tension de la courroie, vérification de l'impeller, nettoyage du filtre à eau de mer, ... Nous sommes maintenant bien reposés et Brindacier prêt pour continuer son périple en Antarctique. C'est décidé, demain matin nous continuons vers des nouvelles aventures. 7 février 2019 : Navigation de Entreprise à Cuverville (25 milles) Comme c'est agréable de naviguer par beau temps. L'eau est d'huile. Nous pouvons raser les glaçons pour observer les animaux qui se prélassent dessus (phoques et manchots). De plus, nous pouvons voir les jets des baleines de très loin. Bien que nous faisons attention de ne pas nous en approcher, ce sont parfois elles qui viennent vers nous. Dans ce cas, nous ralentissons Brindacier et nous attendons de voir où elles vont passer. C'est magique de les voir plonger doucement avec leur queue en l'air. Nous ne nous en lassons pas. Baleines en goguette ...
Pour parvenir au mouillage de Cuverville, nous voudrions passer par le Nord de l'île. Nos cartes ne sont pas très précises mais nous avons la trace d'un autre voilier ainsi que quelques schémas du mouillage. Mais l'entrée est remplie d'icebergs. Le temps étant très calme, nous décidons d'essayer de passer tout en douceur au milieu de ces gros blocs de glace. Ils sont plus hauts que le mât de Brindacier et beaucoup beaucoup plus gros. Nous passons au point mort sans faire de remous car il paraît qu'ils peuvent se retourner sans prévenir. Passage à prendre au milieu des icebergs Nous sommes chanceux car nous réussissons à passer au milieu, là où il y a suffisament de fond, avec quelques mètres de chaque côté de la coque. C'est incroyable comme c'est beau !!! Exemple du schéma des mouillages de Cuverville récupéré auprès d'autres voiliers Notre premier essai n'est pas une réussite car nous sommes juste dans l'alignement du trajet des icebergs. Nous changeons donc de place et Robin part accrocher deux amarres à terre bien que nous n'en aurions pas besoin normalement. Mais ces amarres maintiendrons Brindacier dans une position qui devrait laisser de la place pour Isatis. Les amarres sont attachées à des rochers avec des élingues pour éviter qu'elles ne s'en aillent quand elles seront sous l'eau à marée haute. Amarrage de Brindacier aves des élingues à Cuverville
Une fois en place, nous mettons l'annexe à l'eau pour aller nous promener à terre voir la colonie de manchots papous qui s'y trouve. Nous faisons attention de ne pas les déranger et nous nous faisons surprendre par un phoque que nous n'avions pas vu. Nous reculons doucement jusqu'à ce qu'il se remette en position de sieste. Ouf, il faut que nous inspections avec plus d'attention les rochers alentours car les phoques se confondent vraiment avec les rochers. Ballade pour voir les manchots papou
Une fois à mi-chemin de la colonie de manchots, nous voyons Isatis arriver et mouiller en travers de la baie, une amarre à l'avant et une autre à l'arrière sur un îlot en face. Nous pensons qu'il risque d'avoir des problèmes avec cet amarrage car il fait barrière au passage des growlers. Mais bon, on verra bien ... Isatis et Brindacier au mouillage Après les avoir salué, nous partons nous promener en annexe au milieu des beaux glaçons qui bouchent l'entrée Nord du mouillage. En annexe autour des glaçons
De retour sur Brindacier, nous commençons la bataille anti-growlers dans les amarres. Comme prévu, ceux-ci entrent et sortent du mouillage au gré du courant et ce n'est pas parce que nous avons réussi à faire passer un growler sous une amarre qu'il ne reviendra pas s'y mettre quelques minutes après ... Ouh là là, la nuit va être longue !!! Nous n'aurions pas dû mettre d'amarre à terre et ainsi nous aurions pu tourner librement autour de notre ancre. Mais ce n'est pas certain qu'Isatis aurait eu de la place dans ce cas. Bon tant pis, c'est fait, ... Cela ne nous empêche pas de profiter du spectacle magnifique du soleil qui descend doucement sur l'horizon nous offrant une palette de couleurs splendide. La glace entre doucement dans le mouillage sous les couleurs du soleil couchant
04h30 du matin, branle-bas de combat, la glace frotte fort contre la coque de Brindacier. Robin s'en occupe. Isatis est aussi sur son pont. C'est pire pour eux car ils ont une amarre arrière ET une amarre avant. Ils font donc un barrage complet à la glace qui transite d'un côté à l'autre du mouillage. Finalement, en désespoir de cause, ils larguent leurs amarres, remontent leur mouillage et s'en vont vers des lieux plus tranquille. Cela nous arrange bien car du coup nous pouvons aussi larguer notre amarre arrière et tourner ainsi librement autour de notre ancre. Comme c'est paisible, pas un poil de vent, un paysage vraiment féérique, le bruit de fond de la colonie de manchots et plus de problème de glace !!! 8 février 2019 : Navigation de Cuverville à Admiralty Brown (17 milles) Robin remonte le mouillage pendant que la colonie de manchots papou se réveille
Tout d'abord, nous devons traverser un immense champs de gros icebergs. Vu de loin, nous ne voyons aucun moyen de passer. Mais plus l'on s'approche et plus l'on se rend compte qu'il y a largement la place de passer. Nous comprenons mieux pourquoi les traces que l'on nous a donné ne vont pas droit !!! Il faut passer, là où ça passe ... Champs d'icebergs à traverser
Nous rencontrons ensuite un champs de glace uniforme composée de growlers, de plaques de glace et de petits glaçons. Robin à l'avant, Sandrine à la barre, nous passons doucement là où cela paraît moins gros. Suivant les conseils de Jean du voilier Le Boulard, nous ne tournons pas brusquement afin d'éviter que de la glace vienne heurter l'hélice. Si un gros glaçon vient à passer sous la coque, nous nous mettons au point mort. C'est vraiment amusant de passer là. Mais c'est aussi parce qu'il fait un temps magnifique et que la mer est d'huile, enfin, sous la glace ... Ce serait vraiment l'enfer si la mer était formée. Nous serions heurté par tous ces growlers et le chemin changerait à chaque seconde. Manchot et phoque sur un growler
Sur le parcours, nous passons devant la station chilienne Videla. Nous avons décidé de ne pas nous y arrêter car sur le schéma du mouillage que nous avons, l'entrée semble étroite et peu profonde et l'intérieur du mouillage peu profond aussi. Et puis, nous ne pouvons pas nous arrêter partout, il faut en garder pour la prochaine fois ... Station Videla Nous continuons notre chemin dans Paradise Bay où plusieurs gros paquebots de croisière font escale à tour de rôle. Ils s'arrêtent au milieu de la baie, mettent leurs nombreux zodiacs à l'eau et emmènent leurs passagers visiter la base argentine Admiralty Brown, observer les phoques et les manchots sur les growlers et s'approcher au pied des glaciers. Vues de Paradise Bay
Bon, ce n'est pas tout ça, mais il est temps de se concentrer sur l'arrivée au mouillage. Celui-ci est entouré d'icebergs et selon le schéma que nous regardons, il y a une moraine qui barre l'entrée sur presque toute la largeur. Il faut passer bien sur la droite pour ne pas toucher le fond. Mouillage d'Admiralty Brown Sud
Brindacier au mouillage
Il y a de la place dans ce mouillage mais comme nous ne connaissons pas trop les fonds et que nous avons mis 40 mètres de chaîne, nous préférons frapper une amarre à terre pour limiter le rayon d'évitement de Brindacier. Cela donne l'occasion à Robin de poser le pied pour la première fois sur le CONTINENT ANTARCTIQUE !!! Et oui, jusqu'à présent, nous ne nous étions arrêtés que sur des îles. Ce mouillage est le premier et sera peut-être le seul situé sur la péninsule Antarctique elle-même. Sus au continent Antarctique !!!
Elle en profite pour photographier la faune et la flore que l'on peut trouver dans ces eaux froides. Comme l'eau est claire !!! Elle donnerait envie de s'y baigner. Il paraît que certains le font, mais cela ne nous tente pas pour le moment. Vie aquatique
Cette limpidité nous permet de voir qu'effectivement la taille émergée d'un bloc de glace, que ce soit un growler ou un iceberg, n'est pas du tout représentative de la taille de sa partie immergée. Taille des parties émergées et immergées d'un bloc de glace Une fois encore, lorsqu'il descend sur l'horizon, le soleil pare le ciel et la glace de magnifiques couleurs. Et une fois encore, c'est le moment pour Robin de jouer de la gaffe pour repousser les growlers de la coque de Brindacier. Mais ne vous inquiétez pas, il n'y a vraiment aucun danger pour la coque de Brindacier, c'est juste désagréable d'entendre la glace frotter contre ses flancs. Robin dans son occupation favorite : surveillance de la glace et action ...
Les couleurs du soir
9 février 2019 : Navigation de Admiralty Brown à Alice Creek - Port Lockroy (31 milles) C'est encore une belle journée pour naviguer au milieu des icebergs qui flottent dans Paradise Bay. La distance est un peu plus longue que les deux dernières navigations et il ne faut pas trop trainer. Mais le chenal Ferguson est plein de petite glace, de growler et d'iceberg. Nous allons donc très doucement, moins de 1 noeud. Sandrine à la barre anticipe la route : "alors au premier glaçon à droite, puis au growler carré à gauche, là, je passe au point mort pour glisser jusqu'au petit lac d'eau libre pour pouvoir tourner de 90° et atteindre la plaque de glace là-bas où des phoques se prélassent ...". C'est vraiment chouette, enfin, tant que la mer est d'huile !!! Champs de glace à traverser Phoques à la plage ...
Non seulement nous allons doucement pour éviter la glace, mais nous prenons aussi le temps de faire le tour complet de tous les growlers sur lesquels sont posés des phoques (Sandrine a toujours l'espoir de voir un phoque léopard ...). A ce rythme-là, nous ne sommes pas près d'arriver ... Mais comment ne pas profiter de tout cela !!! Paysages à couper le souffle
Heureusement, une fois arrivés dans le détroit de Gerlache, il n'y a que de l'eau libre et nous pouvons accélerer sans soucis tout en admirant les manchots dont le déplacement vaut vraiment le coup d'oeil. Des manchots en promenade L'arrivée à Port Lockroy est facile. Il est possible de mouiller en plein milieu de la baie mais étant donné le vent fort annoncé, nous préférons tenter d'entrer mouiller dans Alice Creek, un mouillage situé dans la partie Est de Port Lockroy entouré de hauts fonds qui arrêtent la glace et la mer. Une fois mouillé, ce doit être vraiment un bon abri. Le mouillage d'Alice Creek : bon schéma, mauvais schéma
Après être passés tout doucement entre les rochers, nous mouillons 50 mètres de chaîne. Pendant que Sandrine reste au moteur pour maintenir Brindacier dans l'axe, Robin tire 4 amarres à terre qu'il attache aux rochers avec les élingues. Nous en rajoutons une cinquième en garde sur l'arrière tribord pour doubler celle qui devrait travailler le plus lors du coup de vent de Sud-Ouest annoncé. Ainsi, nous devrions être parés. Installation des amarres à terre
Du 9 au 11 février 2019 : Escale à Alice Creek - Port Lockroy Meuh non il ne fait pas froid dans Brindacier ...
Une fois le ventre plein, nous partons en annexe dire bonjour aux deux autres voiliers qui sont mouillés dans Port Lockroy. Nous connaissons le premier, Isatis, mais nous n'avons pas encore rencontré le second. Voiliers mouillés à Port Lockroy Nous continuons notre périple en annexe pour aller visiter le musée de Port Lockroy où nous avons pris rendez-vous au préalable à la VHF. En effet, ce musée est un point de passage obligé pour les paquebots de croisière et il faut prévenir avant d'y aller afin de ne pas y être en même temps qu'eux. Visite de Port Lockroy
L'équipe de Port Lockroy est acheminée en paquebot de croisière au début de la saison, vers mi-novembre, et en repart par le même moyen mi-mars. Leurs conditions de vie sont assez rudimentaires. Ils n'ont pas de douche et les paquebots de passage les invitent régulièrement à leur bord à la fin de la journée pour profiter des leurs. Ca, c'est vraiment sympa. C'est assez étrange de trouver une boutique de souvenirs en Antarctique. Cela permet aussi d'envoyer des cartes postales !!! L'accès au site de Port Lockroy est assez aisé mais par contre, il n'y a pas de bon endroit où laisser l'annexe pendant la visite du musée. Soit l'annexe est légère et il est alors possible de la monter sur une plateforme rocheuse, soit, comme la nôtre, elle est trop lourde et il faut se faire une raison et la laisser contre les rochers le temps qu'il faut. Dans ce cas, il n'est pas possible d'y aller lorsqu'il y a de la mer. Port Lockroy est un endroit intéressant car il y a pas mal de choses à voir et à faire : le site historique, la colonie de manchots papou, le front du glacier, une ballade en raquette ou à ski vers Dorian Bay de l'autre côté du glacier (à faire avec une personne compétente). En ce qui nous concerne, n'étant pas équipés ni compétents, nous n'avons pas été randonner. Colonie de manchots papou à Port Lockroy
Peter est inquiet pour son voilier et préfère ne pas le laisser et venir le jour suivant sur Brindacier car un gros iceberg menace d'entrer dans le mouillage. Mais même un jour plus tard, c'est un plaisir de passer du temps avec lui !!! Iceberg à l'entrée de Port Lockroy et Peter à bord de Brindacier
Le coup de vent passe. Nous sommes bien protégés et nous pouvons même aller à terre en annexe sans soucis. Un vrai bonheur ce mouillage. Enfin, une fois qu'on y est ... 12 février 2019 : Navigation de Alice Creek - Port Lockroy à Pleneau (27 milles) Avant de partir, Robin part en annexe ramener à Peter le sweet-shirt qu'il a oublié hier soir à bord. Mauvaise idée ... Pagan au mouillage au milieu de la glace
Départ de Port Lockroy
Contrairement à nos habitudes, nous quittons donc le mouillage par ce temps très mitigé. Il n'y a pas de vent et c'est tant mieux. Mais nous craignons le brouillard. Nous avançons à toute petite vitesse. C'est bien dommage que le ciel soit si gris mais heureusement que la mer est plate sinon nous n'aurions pas pu passer à côté de ces monstres. Leurs couleurs et leurs formes sont très variées. Au pied de certains, plusieurs phoques s'ébattent dans leurs eaux turquoises. Comme c'est calme. Nous avons l'impression que les sons sont assourdis. Nous parlons bas pour ne pas rompre l'harmonie. Passage dans le cimetière des icebergs Encore une fois, l'arrivée au mouillage est un petit moment de stress. Comme d'habitude, nous avons plusieurs schémas indiquant des profondeurs différentes !!! 5m, ça passe, mais 1m50, ça ne passe pas ... Pas de soucis, c'est la place de la Concorde !!! Brindacier décide tout seul de faire demi-tour. Parfait, il est parfait ce merveilleux bateau. Comme pour entrer et sortir des places de port, il suffit de le laisser s'exprimer et il s'arrange pour faire ce qu'il faut, comme il faut, tout en douceur !!! Cette fois-ci nous ne mettons pas l'ancre, nous utilisons uniquement des amarres à terre. Jean n'étant pas encore là, nous avons toute la place pour manoeuvrer. Nous nous reculons au maximum dans le mouillage pour lui laisser de la place ainsi qu'à La Cardinale. Amarrage de Brindacier mis en évidence en jaune Une fois Brindacier bien en place, nous allons à terre faire une petite ballade et essayer de trouver un beau point de vue. Nous entendons les icebergs bouger et craquer au loin. C'est vrai que nous nous répétons un peu, mais QUE C'EST BEAU !!! Vue des environs de Pleneau Nous allons ensuite faire un tour en annexe vers l'île de Pleneau où Sandrine espère voir des éléphants de mer. Il y a très peu d'eau et il faut faire attention que le moteur hors-bord ne touche pas le fond. Au bout de Pleneau, nous tombons sur la première fois sur de la mer gelée. Les éléphants de mer sont peut-être les tâches sombres que nous voyons vautrées à l'autre bout de cette glace. Malheureusement, nous ne pouvons pas approcher. La glace est dure comme du béton et notre annexe gonflable, bien qu'ayant un plancher en aluminium ne nous paraît pas taillée pour ce genre d'expédition. Quant à marcher sur la glace, même si elle semble solide, cela semble inconscient. Tant pis, nous en verrons peut-être ailleurs. Sandrine les ajoute à sa liste, derrière le léopard de mer. Peut-être des éléphants de mer sur la mer gelée au loin ... De retour sur Brindacier, nous recevons un appel de Jean par VHF. Il arrive !!! C'est trop cool !!! Il vient se mettre à couple de Brindacier, tête bêche. Bon, nos amarres dont nous ne sommes pas certains de la tenue vont devoir tenir deux bateaux au lieu d'un. Cela inquiète Robin ... Apéro et dîner sur Le Boulard
Le lendemain, le baromètre amorce une chute vertigineuse. Ca va souffler !!! Et oui, effectivement, ça souffle. D'ailleurs nos amarres sautent régulièrement et Robin, avec l'aide François et Pierre, deux équipiers du Boulard, part les remettre en place. Toute la journée passe à discuter, boire et manger tout en écoutant d'une oreille les rafales au-dehors. 14 février 2019 : Navigation de Pleneau à Verdnasky via Petermann (11 milles) Le mouillage de Petermann n'est pas terrible. Aussi, Robin reste sur Brindacier sans mouiller pendant que Sandrine va se promener à terre avec les équipiers du Boulard. Le Boulard et Brindacier en attente à Petermann La ballade est facile et agréable. Nous passons à côté d'une colonie de manchots papou parmi lesquels nous trouvons quelques manchots Adelie. Comme ils sont beaux avec leurs yeux cerclés de blanc. Manchot Adelie Une fois la colline passée, nous redescendons vers le refuge argentin devant lequel nous pouvons observer pour la première fois un nid de manchot papou avec des petits entre les pattes. Refuge argentin au loin et nid de manchot papou
La vie de manchot n'est pas facile. Des prédateurs, comme certains oiseaux, rodent autour des colonies et nous croisons quelques restes de malchanceux. La dure loi de la vie
Le ciel se couvre et la visibilité se réduit. Il est temps de rentrer aux bateaux pour faire route vers Verdnasky. Retour de Sandrine sur Brindacier sous la surveillance de Robin ...
Nous longeons l'île Galindez en passant par l'Est. L'entrée est claire et nous sommes serein car nous suivons Le Boulard qui connaît très bien les lieux. La station scientifique de Verdnasky
Il rentre le premier dans le mouillage où se trouvent déjà Isatis et La Cardinale. Il vient se mettre à couple de La Cardinale. Il y a foule au mouillage ... Ce premier soir, nous sommes invité à faire la fête sur Le Boulard, sur lequel nous commençons à prendre nos habitudes ... La Cardinale est de la partie et Robin s'en donne à coeur joie avec Jeanne à chanter tout son répertoire de chants de marin. Ca, se sont vraiment de bons moments. Au petit matin, nous sommes réveillés par le bruit de la glace qui frotte contre la coque. Cette fois-ci, c'est Sandrine qui s'y colle. Une belle plaque de glace, squattée par deux phoques fait des va-et-vient dans le mouillage en fonction du courant. Le but du jeu est de la faire passer sous les amarres sans déranger les phoques ... La valse des phoques dans le mouillage
Une grosse lentille de glace se met de la partie. Il faut la pousser avec l'annexe avant que les amarres ne se prennent dessous. Ca marche bien mais il faut faire attention à ne pas abîmer l'annexe sur la glace coupante. Pour ce faire, nous faisons pendre à l'avant une glenne qui protège bien le dessous avant du boudin. Mais il faut tout de même rester délicat sur la maneouvre !!! Pousse-pousse de la lentille A proximité du mouillage, se trouve Wordie House, un site historique construit en 1947 sur le site de la cabane de l'expédition britanique Grahamland de 1936 qui a été balayée par un raz de marée. En dehors du bâtiment, il y a un panneau de bois rare qui date de 1947. Mouillage dans la neige, profonde ...
L'entretien du site historique est financé presque entièrement par la vente des souvenirs de la boutique de Port Lockroy. Des équipes viennent régulièrement faire des travaux d'entretien pour que le site ne se détériore pas. Wordie House
Le second jour, nous décidons de mettre Brindacier dans le sens du mouillage, l'étrave face à la sortie. Cela nous permettra de quitter le mouillage plus facilement si le vent se lève. Autant profiter de ce beau temps calme pour le faire maintenant. La manoeuvre nous prend environ 1h30. Cela paraît long mais il faut gérer les deux amarres à terre, en ajouter une troisième et faire pivoter Brindacier le long du Boulard sans le toucher ... Opération menée de main de maître mais nous nous sommes congelés !!! Reprise de la valse des phoques côté Boulard
Ce soir, nous sommes invités à visiter la station de Verdnasky. Nous sommes très nombreux car tous les équipages des voiliers y vont, soit 22 personnes !!! 4 belges et 18 français. C'est tout de même incroyable la suprématie des voiliers français dans les grand Sud !!! Visite de la station scientifique : bureaux et laboratoires
Affiches des gestes de survie dans le couloir : construction d'un igloo, méthodes d'encordement ...
Equipements pour le travail extérieur Après la visite, nous allons au bar, lieu de discussion privilégié entre les scientifiques, heureux de voir de nouveaux visages, et les équipages. Sandrine, en pantoufles ..., prend rendez-vous pour le lendemain pendant que Robin explique en anglais la recette des tartelettes au citron
Sur la poutre au-dessus du billard, triés par ancienneté, sont affichées les photos des voiliers qui viennent régulièrement à Verdnasky. Bien entendu, nous trouvons en bonne place Jean et Le Boulard. Jean et Le Boulard, plaque d'habitué à Verdnasky N'ayant plus l'utilité de tous nos bidons de gasoil pour la suite de notre voyage et en ayant déjà vidé une grande partie, nous les proposons à Jean et à La Cardinale. La Cardinale veut bien nous en acheter 9 de 25 litres chacun. Ouf, même s'il nous reste encore 14 bidons de 20 litres, cela fait de la place à l'intérieur ... Trafic de bidons au mouillage ... Le lendemain matin, tous les voiliers se décident à partir. Etant les plus proches de la sortie et n'ayant pas l'intention de partir tout de suite, nous manoeuvrons de 9h00 à 11h30 pour laisser passer tout le monde. Quelle galère !!! Il faut maintenir Brindacier dans l'axe, attaché seulement d'un côté, poussé par le vent léger pendant que les voiliers se décident doucement à passer. Avec le recul, nous aurions mieux fait de larguer les amarres pour revenir ensuite. Le seul problème des tourets est qu'il faut entièrement les dérouler pour pouvoir larguer l'amarre depuis le bateau. Après ces longues longues manoeuvres qui nous ont congelées sur place, nous partons en annexe voir Perdpaslenord pour les aider à bricoler leur électronique afin de pouvoir afficher les cibles AIS à l'extérieur. Nous passons ensuite à la base pour déposer les photos des baleines que nous avons prises depuis notre départ de Puerto Montt. Nous donnons aussi à Oksana, la première femme à hiverner dans la station ukrainienne, les coordonnées de Greg et Kery qui travaillent comme elle à cataloguer les baleines et à essayer de suivre leurs migrations. 16 février 2019 : Navigation de Verdnasky à Port Lockroy (35 milles) Mauvaise décision, très très mauvaise décision !!! A peine sortis du mouillage, nous prenons la houle de face et un vent de 15 à 20 noeuds. Ca s'annonce mal. Mais nous n'avons pas le courage de faire demi-tour et de remettre toutes les amarres. 35 milles, ce n'est quand même pas la mer à boire !!! Nous croisons un peu de glace dans le détroit de Lemaire mais ça passe sans problème. Il y a de l'espace entre les growlers. Un peu avant le cap Renard, la nuit commence à tomber et le vent à forcir. Brindacier, le moteur à 1800 tours, avance péniblement à 1,5 noeuds en piochant dans la mer courte. Oh que la nuit va être longue !!! Oh comme nous regrettons d'avoir quitté le mouillage !!! Nous n'aimons pas du tout, mais alors pas du tout cette situation !!! Nous sommes tributaires du moteur et de l'électronique, à la merci d'un morceau de glace que nous ne verrions pas et cela pour toute la nuit au moins !!! Grrrr, que nous sommes nuls !!! Robin au radar et à la cartographie Nous ne changeons pas nos rôles car Sandrine n'a pas froid et n'est pas fatiguée. Mais surtout, ses yeux se sont habitués à la nuit lui permettant de prendre quelques points de repères et apercevoir les quelques growlers qui trainent. Au fur et à mesure des heures qui passent, elle sent mieux le comportement du bateau et comment en tirer le meilleur parti par rapport à l'axe du vent et des vagues. Si nous devions changer régulièrement, cela prendrait du temps et rajouterait de la fatigue et du stress à s'habiller et se déhsabiller à chaque fois, reprendre en main le bateau et ses sensations. Tant que ça va comme ça, nous restons comme ça. Ce n'est pas de la gloriole, c'est du pratique. Ces combinaisons de survie TPS sont au top !!! Elles permettent de manoeuvrer avec. Dessous, elle a mis : 3 grosses paires de chaussettes, 3 caleçons longs, 5 hauts (polaires, doudounes et autres). N'ayant pas retrouvé les sur-chaussons à semelle de la combinaison, elle a réussi à rentrer ses pieds avec la combinaison et les 3 paires de chaussettes dans ses chaussures fourrées !!! Finalement, heureusement qu'il n'y avait pas sa taille quand elle les a achetées à Puerto Montt ... Sandrine à l'arrivée dans sa combinaison TPS Un air de ressemblance peut-être ???
Au fur et à mesure de l'avancement, Robin met des waypoints sur la carte aux endroits que nous sentons les plus abrités du vent et de la mer au cas où nous aurions besoin de faire demi-tour et d'attendre le jour. Il est temps d'aller au lit ... 17 et 18 février 2019 : Escale à Port Lockroy A notre réveil, Isatis et Pagan sont partis. Dommage, nous aurions aimé dire au-revoir à Peter. Nous ne savons pas s'il a décidé d'aller directement à Puerto Montt ou à Tahiti. Quelle force de la nature ?!? Nous espérons avoir de ses nouvelles par la suite. Après être allés déposer un cadeau de Verdnasky pour Port Lockroy au musée (cela se fait couramment entre station), nous partons dîner et faire nos adieux au Boulard et à son équipage. Quelle bonne soirée !!! Jean, tu vas nous manquer ... Au-revoir ... Nous repartons avec deux sacs de légumes car Jean en a assez pour arriver à un point d'avitaillement alors que nous avons encore pas mal de temps à attendre pour que ce soit notre cas. Sandrine ayant émis le souhait de manger des spaghetti à l'arabiatta et Robin lui ayant répondu que nous n'avions plus d'oignons ni de spaghetti, le lendemain matin, Le Boulard, avant de quitter le mouillage, passe nous apporter un oignon et un paquet de spaghetti qu'il a négocié avec le voilier Spirit of Sydney qui vient d'arriver. Un oignon pour des spaghetti à l'arabiatta !!!
Le déjeuner terminé, nous recevons la visite d'Adrien de Spirit of Sydney. Il passe nous dire bonjour en coup de vent car ils changent de mouillage dans la journée. Cela fait la troisième fois cette saison qu'ils font un aller/retour avec le voilier en Antarctique. Cela fait beaucoup et ils sont sur les rotules. Nous le comprenons fort bien. Pour nous, une fois par an paraît suffisant !!! Ca y est, tout le monde est parti. Nous sommes seuls dans ce mouillage où le grand beau soleil nous offre encore une fois des paysages magnifiques. Chacun vaque à ses occupations. Nous prenons le temps de vivre et de profiter de cette dernière escale avant de quitter l'Antarctique. En effet, le créneau météo se confirme et nous partirons demain vers l'île des Etats, à environ 150 milles à l'Est d'Ushuaia. Approche curieuse d'un phoque lors de la mise à l'eau de l'annexe Sandrine part à terre visiter une dernière fois la colonie de manchots et observer le comportement des petits et de leurs parents. Sur cette photo, on voit bien le petit demander à manger à l'un de ses parents en lui tapotant le bec. Le jeune est nourri, il est grassouillet. En comparaison, son père (ou sa mère) est bien maigrichon à se dépenser sans compter pour le satisfaire. Nourrissage des petits
Des ossements de baleine
Un cormoran fait le guêt Un phoque fait bronzette Cette belle journée de repos nous a requinqué. Brindacier est prêt à partir pour traverser le passage du Drake. L'annexe est rangée sous la bôme, les tourets d'amarres sont à l'intérieur, les planchers sont fixés, ... Brindacier prêt à partir
Un grand moment de paix Du 19 au 24 février 2019 : Navigation de Port Lockroy - Antarctique à San Juan de Salvamento (Ile des Etats) (638 milles) Le gel dans la baille à mouillage Nous nous engageons dans le canal de Neumayer ou nous sommes cueillis par quelques glaces et de bonnes rafales catabatiques. La grand voile envoyée en tête de mat est rapidement affalée et ferlée sur la bôme. Les îles Melchior sont atteintes vers 15h et nous savons que notre ami Jean du voilier Le Boulard a du quitter ce mouillage il y a une heure ou deux. Nous ne devrions donc pas être bien loin derrière lui. Iceberg sous-marin La veille s'effectue de manière continue à l'extérieur avec un roulement toutes les heures. Le radar est également en service permanent. L'avantage de partir de Port Lockroy est que nous pouvons dégonfler l'annexe et la ranger sur le pont la veille du départ contrairement à Melchior où l'on en a besoin pour récupérer les amarres à terre. Le désavantage de partir de Port Lockroy est que la distance à parcourir dans les glaces est plus longue de 40 milles et cela implique obligatoirement une veille nocturne extérieure. Au cours de la nuit, Sandrine accuse un coup de froid sérieux qui la cloue au lit pendant plusieurs heures. Il lui faudra 8 heures de sommeil, écrasée sous toutes les couettes et couvertures du bord et encadrée par les 2 bouillottes pour lui permettre de retouver ses forces le lendemain midi. Pendant ce temps, la remontée en latitude se poursuit en alternant de la voile et du moteur en fonction des conditions. Baleines et dauphins en vue
Cette seconde journée débute par une température de 3,5°C à bord. Bien que nous ne mettions pas le chauffage en navigation, la température intérieure monte progressivement jusqu'à atteindre au mieux 10°C lorsque, comme ce jour, nous ne faisons que du moteur. Robin doit même mettre le Nutella au bain marie pour pouvoir y plonger la cuillère. Nutella, quand tu nous tiens ... La troisième journée est un peu plus chaude : 6°C à 6h du matin dans le carré. Le vent se lève progressivement et nous naviguons sous GV et génois toute la journée. Navigation sous la neige La nuit entre le troisième et le quatrième jour se passe à la voile mais notre vitesse d'avancement est un peu faible et l'hydrogénérateur ne parvient pas à étaler la consommation électrique du pilote. Dès celui-ci démarré nous entendons un bruit d'échappement anormal. Un coup d'oeil dans la jupe et c'est confirmé... le moteur ne crache pas d'eau - problème de refroidissement. Tout de suite, nous l'éteignons pour éviter la surchauffe du bloc moteur et la fonte possible du waterlock qui ne reçoit plus que des gaz d'échappement brûlants. Afin de s'attaquer calmement au problème, Brindacier est immobilisé à la cape courante sous GV 2 ris et génois à demi enroulé. Dans un premier temps, le filtre à eau de mer est vérifié et nettoyé : RAS de ce coté là. Anecdote marrante et instructive, il est arrivé le même problème d'impeller au voilier Le Boulard sur le Drake aller et un ami à lui a fusillé 3 impellers sur un Drake retour l'année dernière. Avant de nous attaquer au changement d'impeller nous voulons retrouver si possible les ailettes parties dans le circuit de refroidissement. Les durites sont alors démontées, soufflées, aspirées, etc... Seulement 3 sur un total de 12 ailettes sont récupérées. Dans la nuit Sandrine réveille Robin. Il faut empanner ! Allez debout, il faut enfiler le gilet de sauvetage car il fait nuit, enrouler le génois, larguer la retenue de bôme, déplacer le chariot sous le vent, replacer la retenue de bôme sur l'autre amure, empanner la trinquette et au moment d'empanner la GV, Sandrine s'écrit : Je me suis trompée, il ne faut pas empanner mais juste lofer un peu ... Le cinquième jour, le cap est toujours mis sur l'île des Etats que nous devrions apercevoir dans la soirée et atteindre le lendemain matin. Nous sommes vigilants sur l'heure d'arrivée car les courants sont forts sur les bords Est et Ouest de l'île et la mer s'y trouve particulièrement agitée. Vers 3h du matin nous prenons la barre à la main car le pilote consomme trop dans la mer formée que nous traversons cette nuit. C'est à ce moment que nous sommes pris par un fort courant de Nord qui nous pousse tellement fort que nous ne parvenons plus à faire coïncider notre observation de la terre, notre cap compas, notre route GPS et donc notre cartographie. C'est très surprenant et heureusement que nous sommes à deux pour éclaircir la situation. Le phare du Bout du Monde est devant nous et nous sommes accueillis à l'entrée de la baie par quatre magnifiques orques très tranquilles. Les rafales sont fortes dans la baie de San Juan de Salvamento mais plus l'on s'enfonce dans la baie et meilleur est l'abri. Le paysage qui se dévoile petit à petit à nous est superbe. Un orque à l'entrée du mouillage où se situe le phare du bout du monde
L'ancre est remise à poste et nous mouillons vers 10h du matin au fond de la baie par 11m de fond. Les 60m de chaîne et 10 m de bout sont sortis car un coup de vent sérieux est annoncé d'ici 2 jours. Enfin voilà, nous sommes revenus d'Antarctique. Bilan de l'Antarctique : Du point de vue technique, nous avions bien préparé Brindacier et nous n'avons eu aucun raté de sa part. Le chauffage, l'isolation, l'autonomie, ... Tout était parfait. C'est vraiment un excellent bateau pour deux, taillé aussi bien pour le chaud que pour le froid. Un rêve. Du point de vue humain, à deux, c'est épuisant. En effet, tout était nouveau et du coup fatiguant et stressant parfois : Mais il faut relativiser tout ça. Nous sommes perfectionnistes, il faut l'avouer et nous aimons maîtriser autant que faire se peut nos navigations. Nous sommes certain qu'un second voyage en Antarctique serait beaucoup plus paisible car nous connaissons mieux les limites de navigation dans la glace, les mouillages, ... D'ailleurs, on le voit bien, les habitués du coin sont beaucoup plus sereins que nous. Malgré cela, nous avons apprécié chaque minute passée là-bas et si l'occasion se présentait nous y retournerions avec enthousiasme. Pour le froid, nous étions très bien équipés. Nous en avons très peu souffert sauf lors des longues manoeuvres d'amarrage lorsqu'il y avait plusieurs bateaux au mouillage. Notre habillement pour la journée se composait pour Sandrine, la plus frileuse, de : Pour aller à terre, nous utilisions nos combinaisons de pêche qui permettent de tirer l'annexe à terre et de mettre les pieds dans l'eau jusqu'aux fesses sans mouiller les vêtements. Le top du top !!! Des conseils pour ceux qui aimeraient y aller ? La préparation est une des clés du succès, ainsi que la prudence et la prévention. Mais quelle récompense !!!
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029 - Février 2019 |