Du 7 décembre 2018 au 14 janvier 2019 : Navigation de Puerto Montt à Puerto Williams (Chili 1125 milles)
1125 milles est la route approximative pour aller de Puerto Montt à Puerto Williams sans compter d'éventuels détours pour aller dans de beaux mouillages. A notre grand regret, nous devons choisir entre garder la possibilité d'aller en Antarctique ou prendre notre temps dans les canaux. Nous avons choisi d'aller vite et c'est pourquoi nous allons essayer de faire de longues étapes quitte à les faire au moteur pour aller plus vite et s'arrêter le moins possible sauf pour de mauvaises conditions météo ou une escale exceptionnelle. Voici notre descente des canaux :

7 décembre 2018 : Navigation de Puerto Montt à Isla Mechuque (56 milles)
Quelle belle journée !!! Nous quittons le quai comme des pro à 06h20 du matin. Bien que les pannes soit serrées, Brindacier est sorti de sa place tout en douceur . Il est vrai qu'il n'y avait pas un poil de vent ...
Un très beau Swan sort de la panne voisine au même moment et nous nous mettons derrière lui pour sortir du chenal.

Sortie de Puerto Montt au petit matin

Il faut veiller avec attention car il y a pas mal de bateaux de pêche, de bateaux de transport, de bouées, ... C'est de la gnognotte après les bouées des fermes perlières des Gambier mais cela nécessite quand même une veille visuelle permanente.

Bien couvert, la veille, c'est coooool ...

Nous instaurons donc des quarts d'une durée de 1 heure chacun. Comme cela, lorsqu'il fera froid, ce ne sera pas trop long et chacun pourra se régaler régulièrement des paysages qui s'offriront à nous.
Par contre, 1 heure, c'est un peu court pour se reposer ou entamer une activité. Bon, nous allons essayer et nous ajusterons si le besoin s'en fait sentir.

Les paysages sont vraiment beaux. Nous voyons tous les sommets enneigés en arrière plan.
A 18h20, nous mouillons 50 mètres de chaîne dans 9 mètres de fond à la caleta Mechuque .

Caleta Mechuque

    

8 décembre 2018 : Navigation de Isla Mechuque à Isla Quehui (30 milles)
Après une nuit difficile pour Robin car il était inquiet de la proximité de la plage de Brindacier, nous appareillons vers 7h00 du matin. Sandrine ne maîtrisant pas encore bien son beau téléphone tout neuf (son monstre ...), le réveil n'a pas sonné comme prévu à 05h30 ...
Le ciel est couvert, tout est gris. Nous sommes loin de la journée toute ensoleillée d'hier !!!
La mer est plate et il y a un peu de vent qui nous permet de mettre tout le génois. Nous mettons aussi le bimini qui finalement protège aussi de la pluie que du soleil ...

Au-revoir soleil ...

En gardant le moteur, nous avançons ainsi à 7 noeuds de moyenne. Nous ne sommes pas pressé mais il faut arriver avant la nuit, charger les batteries car les panneaux solaire ne détectent même pas qu'il fait jour, et plus nous arrivons vite, moins nous faisons de moteur et donc moins nous consommons de gasoil, denrée rare dans le coin ...
En effet, sur le parcours, nous n'avons repéré que deux endroits où faire le plein. Il faut donc économiser dans la mesure du possible ...
A 10 milles de l'arrivée, la pluie commence à tomber et nous voyons quelques éclairs. Nous éteignons alors les instruments qui ne sont pas indispensable là où nous sommes, la VHF et le sondeur.
A notre arrivée, vers 12h30, nous nous préparons un bon petit repas : saucisses - lentilles accompagné d'un verre de vin. Robin, à s'occuper du mouillage sous la pluie, l'a bien mérité !!! Il faut dire que nous ne sommes pas encore très au point sur la manière de mouiller nos 60 mètres de chaîne et d'y rajouter quelques dizaines de mètres de bout. En effet, la main de fer s'entortille autour du bout du mouillage et arrive même à se détacher. Bon, la prochaîne fois, nous essaierons une autre solution.
Nous allons à terre nous promener un peu et nous nous faisons alpaguer par Ignacio qui insiste fortement pour nous aider à tirer l'annexe sur le slip et nous emmener chez lui. Nous le suivons.

Première mise à l'eau de l'annexe depuis la Polynésie (hormis sa préparation)

Il tient un micro restaurant ainsi qu'une auberge avec sa maman. Sa soeur, Marlène, est venue pour le week-end et tient la caisse de l'alimentation pour l'occasion.
Nous prenons un café tout en discutant tant bien que mal avec eux. Ils nous indiquent que malheureusement, le dimanche, le bateau qui va à Castro part à 13h00 au lieu de 07h00 et revient à la même heure que pendant la semaine, c'est à dire à 16h00. Tant pis, même pour une demi-heure, nous décidons d'y aller quand même le lendemain.
En attendant, entre deux averses, nous allons nous dégourdir les jambes sur l'île.

Vues de l'île de Quehui

    

    

9 décembre 2018 : Escale à Quehui
Nous allons manger un almuerzo chez Ignacio et Marlène avant de prendre le bateau pour Castro. Après 2h30 de bateau, assis au fond de la cale, bien que confortable, Robin n'en peut plus (Robin déteste les transports en commun) !!! Arghhh, 5 heures de transport en commun pour 30 minutes à terre !!!

Almuerzo puis bateau pour Castro

    

Ce qui est étrange, c'est que 3 bateaux font la navette entre Quehui et Castro et qu'ils le font tous à la même heure !?!
Arrivés à Castro, nous montons rapidement au distributeur automatique retirer un peu plus d'argent liquide car nous avons peur de ne pas pouvoir payer le gasoil en route en carte de crédit. Puis, nous achetons un fromage au marché que nous avons tout juste le temps d'apercevoir avant de revenir prendre le bateau de retour.

Quelques vues de Castro

    

Et là, re-belote, 2h30 en sens inverse.
Ouf, à 19h00, nous sommes de retour sur Brindacier. Dîner puis dodo afin d'être prêt pour partir tôt demain matin.

10 décembre 2018 : Navigation de Quehui à Quellon (53 milles)
Nous levons l'ancre vers 6h30 comme prévu. Cette fois, le réveil a bien sonné. Brrrr, il fait tout gris et il bruine. Ca ne donne vraiment pas envie.
Nous avons l'impression de naviguer dans les nuages. Nous comprenons pourquoi tous les voiliers de la marina sans exception étaient munis d'un radar. Il va falloir que nous testions à nouveau le nôtre.
Finalement, le soleil finira par faire son apparition et nous arrivons à Quellon à 16h00 sous un beau soleil.

Chaque rayon de soleil est mis à profit (les pinces à linges sont-elles bien mises ???) ...

Nous allons vite, quelques fois à plus de 7 noeuds, car la marée descendante qui vide le golf d'Ancud nous aide beaucoup. Il faut dire qu'il peut y avoir jusqu'à 8 mètres de marnage à Chiloé.
De plus, nous mettons le génois dès que le vent le permet tout en gardant le moteur car il n'y a pas assez de vent pour naviguer uniquement à la voile.
Mais quand la marée change, la vitesse descend à 3 noeuds. Heureusement, ça ne dure pas longtemps car le plus fort courant est localisé à la pointe Chaiguao que nous doublons doucement mais sans forcer. Ensuite, nous sommes presque arrivés.
Quellon est un port de pêche et nous nous faufilons entre les bateaux pour trouver un mouillage. Après quelques tours, nous posons l'ancre derrière tous les pêcheurs, dans 19 mètres de fond à marée presque haute. Nous déroulons nos 60 mètres de chaîne mais pas plus. A priori, il ne doit pas y avoir de vent cette nuit.

Collection de bateaux aux alentours de Chiloe

    

             

Quellon possède une station service. Aussi, nous nous précipitons à terre pour faire le plein des 80 litres de gasoil que nous avons déjà consommés. Nous montons l'annexe sur le slip et nous parcourons à pied les 200 mètres qui nous séparent de la station.
Sandrine en profite pour aller acheter quelques bières, deux empanadas et voir si elle trouve du Nutella. Et oui, il faut préciser que Robin est en pleine crise de doute : aura-t-il assez de Nutelle jusqu'à Ushuaia ??? Il n'a trouvé que quelques petits pots à Puerto Montt et il devra se contenter d'un pot et demi par semaine si nous gardons une bonne moyenne. C'est la crise !!!

11 décembre 2018 : Navigation de Quellon à Puerto Santo Domingo - canal Refugio (58 milles)
Ca y est, nous avons le rythme : réveil à 5h30, départ à 6h00. Nous avons quand même du mal à sortir de la couette à la première sonnerie du réveil ...
Puerto Santo Domingo, contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom, n'est pas un port mais un mouillage.
Il se situe de l'autre côté du golf de Corcovado que l'on nous a fortement recommandé de traverser par temps calme. Ca tombe bien, c'est le cas aujourd'hui : 10 noeuds de travers annoncés, nous devrions avancer comme des bêtes !!!
C'est d'ailleurs tellement tranquille que Robin se lance dans la fabrication des tartelettes au citron. Hummmm, miam miam !!! Et en plus d'un magnifique jaune citron (pour les connaisseurs ...).

Tartelettes en citron bien jaunes

Nous avons un peu adapté notre système de quart. Lorsqu'il pleut, pour éviter de rentrer mouillé dans le bateau, celui qui est de quart reste dehors à surveiller les bateaux, les fermes de saumon et les élevages d'huîtres. Pendant ce temps, celui qui est hors quart s'occupe de diriger le bateau à partir de la table à carte avec le pilote automatique.
C'est indispensable car nous naviguons entre les îles, les distances entre les virages sont courtes et les hauts fonds ne sont pas matérialisés. Il faut donc suivre précisément la route que nous avons tracée au préalable.

Surveillance active ...


Nous avons tracé une grande route entre Puerto Montt et Puerto Williams, notre dernière escale dans les canaux de Patagonie, afin d'avoir une ligne directrice dans ce dédale d'îles et suivre le trajet que nous avons indiqué à l'Armada chilienne à notre départ de Puerto Montt.
Cette ligne directrice a une longueur de 1125 milles. Elle ne représente pas la vraie route que nous allons suivre car elle ne prend pas en compte les détours que nous devrons faire pour atteindre les mouillages ou les escales plaisir éventuelles. Mais elle permet d'avoir une idée du parcours et surtout du temps nécessaire pour arriver à Ushuaia et donc de savoir si nous aurons ensuite le temps d'aller en Antarctique.
si nous parcourons 100 milles tous les 3 jours, nous devrions arriver le 21 janvier 2019. Cela nous laisse peu de temps pour aller en Antarctique et entame fortement notre escale aux îles Falklands (appelées aussi îles Malouines) mais ça vaut la peine d'essayer ...
100 milles tous les 3 jours, c'est à peu près ce que nous avons fait jusqu'à présent. Le rythme a été soutenu (50 milles par jour, soit 10 heures de navigation par jour) et nous avons eu de la chance avec la météo. Nous verrons bien ...

La fin du golf de Corcovado ouvre les portes des canaux de Patagonie. L'ambiance change tout à coup : les sommets sont plus hauts, les voies de navigation plus étroites. Les couleurs varient du bleu au gris avec toutes les nuances possibles.

L'entrée des canaux de Patagonie

Le mouillage où nous arrivons se situe en face de l'île Refugio. Lors de son approche, nous restons béats d'admiration devant le spectacle : une baie tranquille comme un lac avec en arrière plan une très haute cascade sur la droite et un glacier bleu sur la gauche. Que c'est beau et inhabituel !!!
Nous tournons un bon moment pour trouver la langue de fond qui remonte à l'écart du bord. Il faut dire que les cartes sont souvent décalées et nous faisons plusieurs passages avec le sondeur afin de repérer la topographie des lieux. Finalement, nous mouillons 60 mètres de chaîne dans 17 mètres d'un fond réputé de bonne tenue.
Quelques minutes après notre arrivée, Robin se met aux fourneaux pour nous préparer des fajitas aux oignons, poivrons, champignons, tomates.
Puis, c'est la mise en place de notre nouveau système d'isolation des hublots. Nous remplaçons les plaques un peu trop opaques à notre goût par des plastiques transparents collés au silicone. Ca a l'air de bien marcher. Nous verrons à l'usure ...

12 décembre 2018 : Navigation de Puerto Santo Domingo à la Marina Isla Jechica (53 milles)
Départ du mouillage à 06h40 après une bonne nuit de sommeil. Ce matin, il pleut et nous n'avons pas du tout envie de sortir de sous la couette. Mais si nous voulons aller en Antarctique, il ne faut pas traîner.
Le temps est très variable car après la pluie, nous rencontrons un beau soleil, puis un peu de vent qui nous permet de dérouler le génois en complément du moteur.

Navigation sous génois et moteur

Après 9h00 de navigation, nous arrivons dans une petite baie au fond de laquelle se trouve une micro-marina. Un jeune homme nous attend au bout de l'unique ponton sur lequel nous nous amarrons en longueur. Quel accueil et quel lieu incroyable !!!

Le ponton de la Marina Isla Jechica

Tout d'abord, Mike, le gérant des lieux qui nous a accueilli nous fait visiter les lieux. Des passerelles en bois permettent de passer sous les bois humides sans difficulté pour aller d'une construction à une autre. Il y a la maison des équipages dans laquelle se trouvent de splendides et luxueuses douches chaudes. Puis, une grande salle avec une table de ping-pong, un endroit pour faire du feu pour un asado (grand barbecue chilien), des coussins pour farnienter. Ensuite se trouve la maison de repos, bar, restaurant avec un décor vraiment reposant et une grande cheminée.
La marina propose aussi trois petite maison à louer vraiment agréable pouvant loger chacune un couple avec 4 enfants.
Après la visite, nous rentrons sur Brindacier pour manger notre repas de midi à 16h30. Sandrine file à la douche chaude puis nous retrouvons Mike au bar à 19h00 pour remplir quelques papiers, mieux faire connaissance et surtout profiter du Wifi pour voir si nous pouvons trouver une batterie de remplacement pour le téléphone sattelite Iridium qui montre de gros gros signes de faiblesse.

Mike nous aide à trouver une batterie pour notre téléphone Iridium

Le cuisinier profite de la présence de deux français pour nous faire goûter ses nouveaux amuses-bouches accompagnés d'un pisco sour. Un vrai régal pour le palais et pour les yeux !!!
Puis, il est l'heure de retourner sur Brindacier pour nous reposer de cette journée bien remplie.

13 décembre 2018 : Escale à la Marina Isla Jechica
Comment décrire cette marina ? C'est un lieu incroyable dans un endroit si isolé. Le propriétaire a mis beaucoup d'amour dans son élaboration. Les maisons sont invisibles de la mer. Elles sont parfaitement intégrées dans le milieu. Tout est fait pour le confort des clients mais sans ostentation et le tout dans un esprit de respect de la nature.
Les photos parlent d'elles-mêmes.

Le bar et la salle de repos

    

Le bonheur d'une cheminée

    

La bibliothèque et salle des cartes

Un des sauna en plein air chauffé au bois

Nous nous laissons tenter par le restaurant pour le repas du midi. Il est vrai que nous sommes tellement bien dans cette atmosphère tranquille et douillette que nous n'avons pas trop envie de retourner tout de suite sur Brindacier.

Le restaurant

    

Pour bien finir cette escale, nous invitons Mike à venir prendre l'apéro sur Brindacier le soir. Robin nous fait bien rire en essayant, avec succès il faut le préciser, d'expliquer à Mike en espagnol comment fonctionne un régulateur d'allure. Sa dernière tentative, à Puerto Montt, avait été un succès, mais c'était en anglais.

Mais comment marche un régulateur d'allure ?!?

Nous payons nos dettes, très peu élevées au regard des services offerts, car demain matin, nous devons partir tôt. Au-revoir Mike et merci beaucoup pour ton accueil et ton aide pour notre batterie d'Iridium. Si l'Antarctique n'était pas au programme, il est certain que nous serions restés plus longtemps pour profiter de l'île. Une prochaine fois, qui sait ...

14 décembre 2018 : Navigation de la Marina Isla Jechica à Estero Atracadero (60 milles)
Nous quittons doucement le ponton à 0610 sur une mer d'huile. Le paysage est magnifique et des dauphins nous accompagnent pour sortir de la baie.

Sortie de la baie de la Marina Isla Jechica

Il fait froid ce matin : 10°C au réveil. Nous déplaçons les légumes qui se trouvent dans les calebasses car ils sont trop près du poële que nous envisageons de mettre en service rapidement si la températeur persiste à baisser.

Navigation un peu fraîche ...

Arrivés au mouillage vers 16h30, nous continuons l'isolation des hublots de Brindacier avec de la nappe en plastique transparent collée au silicone. Cela devrait limiter la condensation. Nous sommes d'ailleurs étonnés qu'il y en ait si peu. Il ne fait peut-être pas encore assez froid ...

Pose de l'isolation des hublots du carré

Après notre repas du midi - soir, dodo car demain nous continuons la route.

15 décembre 2018 : Navigation de Estero Atracadero à Caleta Jacqueline (39 milles)
Aïe aïe aïe, pas bon, pas bon !!! Nous étions si bien à l'abri dans la caleta que nous ne nous sommes pas rendus compte que le vent soufflait si fort dehors !!! La météo annonçait 20 noeuds de Nord et là nous avons bien 30 noeuds.
Plus nous avançons, plus l'anémomètre monte. Nous avons maintenant des périodes à 40 noeuds. Heureusement que nous sommes au portant et donc dans le sens du vent et des vagues.
Nous sommes tellement vent arrière que le génois ne sait pas de quel côté se mettre et l'étai bouge beaucoup. Alors, nous le réduisons au minimum.

Le canal Moradela dans lequel nous sommes est très large et long et de ce fait, la mer a un peu le temps de se former. Heureusement, pas trop quand même. Mais suffisament pour nous poser des questions sur notre arrivée au mouillage ...
Il est certain que si nous avions connu les conditions météo avant de partir, nous serions restés bien à l'abri.
Pour les quarts, l'un de nous veille dans la bulle pendant que l'autre dirige Brindacier à la table à carte avec le pilote hydraulique. C'est le top !!! La vision est aussi bonne que dans le cockpit et nous sommes bien à l'abri. Seul bémol, s'il faut intervenir rapidement, nous sommes plus lents car il faut sortir dehors.

Les quarts par mauvais temps

    

Nous sommes soulagés d'arriver dans la Caleta Jacqueline et encore plus de voir que ce mouillage est aussi abrité qu'indiqué dans le guide nautique. Nous mouillons en plein milieu de la baie, 42 mètres de chaîne dans 7 mètres de fond.

Partis à 06h50 pour parcourir les 39 milles de l'étape, nous sommes arrivés à 12h30, assez tôt pour profiter un peu de cet endroit calme. Après un bon repas, nous mettons l'annexe à l'eau. Robin s'entraîne un peu à la rame pour les jours où il devra porter les amarres à terre. Il met en pratique la méthode chilienne : ramer en regardant devant soi, c'est à dire en poussant sur les rames au lieu de les tirer. C'est assez étrange, surtout que le tableau arrière de l'annexe, très peu hydro-dynamique se retrouve à l'avant. Mais ça a l'air de marcher ?!?

Ce mouillage est joli, avec une petite cascade sur un côté équipé d'une ligne de pêcheur qui traverse d'une rive à l'autre. Nous allons voir ça de plus près au cas où nous devrions en utiliser une un jour. Ca a l'air facile. Il devrait suffir d'y attacher nos amarres.
De l'autre côté se trouve une plage sur laquelle nous allons marcher un peu. Ca fait du bien de se dégourdir un peu les jambes.

Cascade et promenade sur la plage

    

Sandrine photographie les fushia sauvages pendant que Robin sêche ses poches ...

    

Brindacier au mouillage

16 décembre 2018 : Escale à Caleta Jacqueline
Hier soir, la météo reçue via le téléphone satellite Iridium nous a dissuadué de repartir aujourd'hui. Elle annonçait 20 à 25 noeuds de Sud-Ouest. Pire qu'hier donc, mais en plus en pleine face. Hors de question pour nous de réitérer l'expérience !!! Ca s'est bien passé hier mais ne tentons pas le diable. Nous n'aurons peut-être pas toujours la chance de trouver un mouillage si facile la prochaine fois ...

Nous allons donc passer la journée au mouillage. Notre moteur va bientôt atteindre 1000 heures de fonctionnement. Il faut donc faire sa révision. Cette escale est idéale pour la faire.
Mais pas trop vite ... Ce matin, dodo jusqu'à un réveil naturel voire même farniente au chaud sous la couette jusqu'à l'appel irrepressible du devoir.
L'appel s'est d'ailleurs fait attendre car nous n'attaquerons la révision du moteur qu'à 17h00 après de la farniente, une bonne raclette avec du vin et une sieste !!!

Mais une fois lancés, rien ne nous arrête : nettoyage ou changement des trois filtres à gasoil, nettoyage du filtre à eau de mer, changement de l'impeller, vérification de l'état et de la tension de la courroie, vidande du moteur et changement du filtre à huile, ... Bref, nous avons commencé tard, alors nous finissons tard : 22h30 ... Mais nous sommes content de l'avoir fait. Surtout les filtres à gasoil car il ne faudrait pas que le moteur cale à un moment crucial.

Filtre décanteur en amont du réservoir journalier

17 décembre 2018 : Navigation de Caleta Jacqueline à Caleta Guianin (37 milles)
Après une journée de repos, nous repartons motivés et reposés vers notre dernière escale avant de revoir la pleine mer et naviguer à nouveau en eaux libres.
Nous levons l'ancre à 06h45. Un peu plus tard que d'habitude car la navigation est plus courte que celles que nous avons faites jusqu'à présent.
En remontant l'ancre, Robin expérimente la solidité du Kelp, ces longues algues que l'on trouve partout dans les canaux. Elles sont tellement solides qu'elles pourraient arrêter Brindacier s'il rentrait dans un banc.

Robin fait connaissance avec le Kelp


Le ciel est dégagé et le soleil semble persister pour un moment. Contrairement au jour de notre arrivée, l'extérieur du mouillage est aussi calme que l'intérieur. Ca se confirme. Tout le long de la route, l'eau est d'un calme olympien. Brindacier s'y reflète comme dans un miroir. Dans le canal Pelluche, nous entendons à la VHF qu'il s'y passe quelque chose mais notre espagnol limité ne nous permet pas de comprendre de quoi il s'agit.
L'arrivée dernière nous d'un gros bateau nous laisse à penser que nous sommes dans la zone concernée. Bon, s'il s'agit d'un sous-marin à laisser passer, ça devrait être comme chez nous, dans la rade de Toulon, de gros zodiacs seraient là pour nous empêcher d'approcher, non ???
Effectivement, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Nous arrivons juste dans un rétrécissement du canal dans lequel arrivent deux gros bateaux face à face. Celui qui arrive derrière nous appelle à la VHF pour nous indiquer qu'il va nous doubler sur notre tribord. Nickel, nous comprenons bien et nous nous serrons sur bâbord. Il nous indique aussi que nous allons voir apparaître dans 5 minutes un autre bateau à la sortie du virage arrivant en sens inverse. Nous le laissons aussi passer sur notre tribord.
Aucun soucis, sauf pour Sandrine qui soudainement a un doute sur le côté où laisser la bouée du chenal : à tribord, à bâbord ?!? Mais par où sont donc passés les deux gros bateaux ?!? Occupée au pilote, au transfert de gasoil dans le réservoir journalier et à photographier les bateaux, elle n'a pas fait attention ... Ah là là, quelle veille attentive !!!

Croisement dans le canal Pelluche

Cette petite navigation est ponctuée de deux évènements importants : le moteur vient de passer ses 1000 heures de fonctionnement et Robin confirme le fait qu'il va certainement manquer de Nutella !!!

1000 heures pour notre moteur et diète de Nutella pour Robin

    

Finalement, nous arrivons assez tôt devant la caleta. Ce sera notre premier mouillage avec des amarres à terre. Nous préparons tout avant l'arrivée : l'annexe est mise à l'eau sans son moteur 0,5 milles avant l'entrée du mouillage, les deux tourets d'amarres sont suspendus aux pataras, Robin est prêt à mouiller à l'avant et Sandrine est à la barre.
Sans oublier la tenue de pêcheur achetée spécialement à Puerto Montt pour pouvoir aller à terre rapidement sur les rochers, la plage ou autres sans craindre de se mouiller.

Tenue de pêcheur pour aller à terre accrocher les amarres

Pour cette première, nous décidons de rentrer en marche arrière dès l'entrée afin que Brindacier soit manoeuvrant dans ce sens dès le début. A 7 mètres de fond, Robin jette l'ancre pendant que Sandrine continue une douce marche arrière. Puis, Robin court à l'arrière, saute dans l'annexe avec une amarre à la main et rame jusqu'à une ligne tendue entre les deux berges par les pêcheurs. Il amarre le bout à un côté de la ligne, revient à Brindacier pour récupérer la deuxième et l'amarrer de la même manière.

Et c'est parti à la rame avec la première amarre ...

Pendant ce temps, Sandrine est restée à la barre en marche arrière pour maintenir Brindacier dans l'axe. Manoeuvre impeccable !!! Comme si nous avions toujours fait ça !!!
Bon, pas trop d'auto-satisfaction car c'était facile : mouillage assez large, pas de vent, pas de courant et une ligne déjà à poste pour s'amarrer dessus.
Cela nous a tout de même permis de valider notre système en toute sécurité.

Une fois Brindacier rangé, Robin nous prépare des pâtes excellentissimes !!! Ca va devenir difficile d'en apprécier d'autres que les siennes ...
Comme tous les jours, le QTH (relevé de la position de Brindacier et parcours prévu pour la suite) est envoyé par BLU avec Sailmail aux autorités chiliennes.
Pour la météo, nous attendrons 22h00, que la nuit soit tombée, pour essayer de la recevoir par BLU mais cette fois-ci via le réseau Winlink des radio-amateurs. Hier soir, la réception de la station d'Honolulu était bonne sur la fréquence 18107 KHz. Espérons que ça marche aussi bien ce soir pour nous éviter d'utiliser les unités de l'Iridium ainsi que sa batterie défaillante ...

18 décembre 2018 : Escale à Caleta Guianin
La météo reçue hier soir ne nous a pas convaincue. Du vent, du vent et encore du vent. Pas trop fort si nous étions en pleine mer mais pas assez calme pour passer le golf de Penas en toute tranquillité. Donc, nous préférons attendre demain qui s'annonce plus calme.

En attendant, nous continuons à poser les isolations des hublots de Brindacier. Mais cette fois-ci, la méthode est un peu différente car nous voulons pouvoir ouvrir les hublots si nécessaire pour l'aération. Pour ce faire, nous fixons des velcros sur le pourtour des hublots avec du silicone (malheureusement, nous n'avons plus de transparent ...) et le plastique transparent avec l'autre côté du velcro sur le pourtour du hublot. Bon, nous allons attendre que tout cela sêche tranquillement avant de tenter une ouverture ...

Isolation des hublots avec Velcro

Pendant la journée, nous entendons des petits pas sur le pont de Brindacier. Un rapace, pas timide du tout, entame une visite détaillée de notre fier coursier. D'après le guide nautique, il s'agit d'un Chimango de la famille des faucons.

Un Chimango en observation sur un winch

Autre occupation du jour : la confection d'un taboulé pour Robin qui devrait nous éviter de faire la cuisine pendant la navigation. On ne sait jamais, la navigation pourrait être houleuse et nous empêcher de faire la cuisine. Au moins, ça sera déjà tout prêt.

Enfin, nous terminons la journée par l'inspection du moteur et de son niveau d'huile afin de s'assurer qu'il n'ait pas de problème dans le golf.
Voilà, nous sommes un peu tendu pour demain car la météo annonce 14 noeuds en plein dans le nez mais nous verrons bien.

19 et 20 décembre 2018 : Navigation de Caleta Guianin à Caleta Ideal - Traversée du golf de Penas (162 milles)
Nous partons sous un beau soleil. Quel plaisir !!!
C'est notre premier départ avec des amarres à terre. Nous discutons de la marche à suivre avant de nous lancer. Nous sommes chanceux, il n'y a pas un poil de vent ni de courant.
Nous démarrons le moteur puis nous enlevons la main de fer et nous remontons un peu de chaîne, suffisamment pour que le reste puisse rentrer d'un seul coup dans la baille à mouillage sans intervention pour la ranger.
Ensuite, Robin part avec l'annexe détacher l'amarre la plus détendue. Pendant que Sandrine l'enroule autour du touret, Robin va détacher la seconde amarre avec laquelle Sandrine le tire jusqu'à Brindacier où il attache l'annexe. Il faut dire que nous avons opté pour ne pas mettre le moteur sur l'annexe. Ainsi, Robin se fait les bras ...
Pendant que Sandrine termine d'enrouler la seconde amarre autour du touret, Robin, après avoir attaché l'annexe à Brindacier, passe à l'avant et remonte le mouillage en donnant des indications à Sandrine s'il faut utiliser le moteur.

Robin va détacher les amarres à terre

Et voilà, nous pouvons sortir de la caleta. Une fois dehors, là où il y a plus de place pour manoeuvrer, nous remontons l'annexe dans le portique et rentrons les tourets à l'intérieur. Nous hissons la GV avec 1 ris et nous voilà partis à 09h10 !!!

Départ sous un beau soleil

Bien que le soleil soit de la partie, nous déchantons très vite !!! La mer est hachée et le vent est établi de face à 20 noeuds. Brindacier tape dans les vagues et avance entre 2 et 3 noeuds avec quelques fois des pointes de sous-vitesse à 1 noeuds !!! A ce rythme-là, nous ne sommes pas près d'arriver ... Le moral est dans les chaussettes mais nous n'y pouvons rien. Nous espérons que la météo de ce soir confirmera que le vent va tourner et diminuer et la mer s'apaiser, sinon il faudra trouver une escale intermédiaire pour attendre un meilleur créneau. Le problème est que ce créneau-là paraît plutôt calme. Comment ça doit être sinon !!!

Veille dans la bulle

La nuit tombe mais pas tout à fait car le soleil montre encore une lueur dans le ciel jusqu'à 23h00 et la pleine lune prend la suite. Nous croisons quelques gros cargos et nous voyons un voilier mouillé dans la caleta Suarez grâce à son AIS. C'était une escale possible mais il est trop tard pour nous y engager et la mer ne donne pas du tout envie de s'approcher de la côte. De plus, deux voiliers dans ce mouillage, ce serait compliqué. Nous continuons donc et vers minuit, la mer commence à s'adoucir et le vent à tourner. Cooooool !!! La vitesse passe de 2 noeuds à 4,8 noeuds, nous allons peut-être réussir à passer sans nous arrêter !!! Ca, ce serait vraiment bien, croisons les doigts ...

Pendant la matinée, le vent passe portant. Après avoir essayé de dérouler un peu de génois, nous le remballons. Il n'est pas assez stable. A sa place, nous ouvrons en grand la GV et installons la retenue de bôme. Ca, c'est bien. Nous avançons maintenant à 6,8 noeuds. Nous allons même arriver de jour !!! Mais ne crions pas victoire trop vite, ici le temps est changeant.

Et oui, il est 18h45 quand nous arrivons dans la Caleta Ideal. Il y a beaucoup de place pour manoeuvrer et il n'est pas nécessaire de mettre des amarres à terre. Parfait, juste à poser l'ancre dans 11 mètres de fond avec 53 mètres de chaîne. Nous nageons en plein bonheur : Le Golf de Penas est derrière nous !!!

Arrivée à Caleta Ideal qui porte bien son nom

21 décembre 2018 : Navigation de Caleta Ideal à Puerto Eden (94 milles)
Au réveil, nous avons la surprise d'avoir le voilier Liv comme voisin. Il a dû arriver pendant la nuit. Tout le monde semble dormir à bord. Le voilier, un Halberg Rassy de 39 pieds, arborre le pavillon suédois. A 06h40, nous passons doucement à côté d'eux direction Caleta Yvonne.
Nous avançons tellement bien que nous décidons d'aller plus loin que le mouillage prévu initialement. Et finalement, de fil en aiguille, nous décidons de pousser jusqu'à Puerto Eden directement. C'était l'escale que nous avions prévue pour le lendemain.

Liv, un voisin au mouillage

Mais comme nous devons faire un plein de gasoil et que cela nous ferait arriver le samedi soir, nous pensons que ce serait mieux d'arriver plutôt le vendredi soir. Ainsi, nous aurions toute la journée de samedi pour trouver le gasoil et faire le plein. De plus, la météo annonce du vent pour samedi et beaucoup de vent pour dimanche. 2 jours de repos au mouillage sans bouger ne nous ferait pas de mal après cette traversée du golf et cette longue étape de 94 milles.

Pour arriver à Puerto Eden, nous passons par le canal Angostura qui est assez étroit pour les cargos. Nos cartes n'étant pas toutes très fiables, nous notons scrupuleusement la trace émises par l'AIS des bateaux qui passent dans le canal. Cela nous permet de valider la route que nous avons prévue. Tous les bateaux qui passent par là doivent appeler Puerto Eden à la VHF pour signaler leur heure de passage. Nous les contactons donc par radio et pour une fois, nous arrivons à peu près à comprendre ce qu'ils nous répondent.

La route dans le canal Angostura selon l'AIS des cargos

    

En fait, nous nous inquiétions pour rien. Le canal est très bien balisé et c'est une autoroute pour les petits voiliers comme nous. Dans le premier virage, nous apercevons une vierge sur un rocher devant laquelle les pêcheurs font un pélérinage tous les ans. C'est vraiment très beau dans ce décor montagneux.

Balise dans les canaux et vierge pour le pélérinage

    

Le vent souffle fort à notre arrivée à Puerto Eden. Heureusement, le mouillage devant le village est bien abrité et nous mouillons 60 mètres de chaîne dans 10 mètres de fond en prévision du vent attendu dimanche.

22 et 23 décembre 2018 : Escale à Puerto Eden
Au réveil, nous descendons l'annexe et nous allons avec à l'Armada chilienne pour qu'ils vérifient nos papiers. Leur bâtiment est situé de l'autre côté de la baie, sur un promontoire. Il est impossible de la rater avec son toit bleu. Nous amarrons l'annexe à leur ponton et nous admirons en détail leur bateau de sauvetage en mer. Il n'est pas très grand mais super équipé pour le froid et le mauvais temps. Les sièges sont sur amortisseurs, il y a un coin café et le chauffage. A l'extérieur, chaque chose à sa place. Tout est impeccable.

Bateau de sauvetage de l'Armada chilienne

    

Les papiers sont expédiés rapidement et le militaire nous demande juste de le prévenir par VHF quand nous repartirons de Puerto Eden. Nous repartons au village avec l'annexe à la recherche de gasoil. Nous nous amarrons au ponton devant l'école. Il ne faudra pas trop trainer car le marnage est important et il ne faudrait pas retrouver l'annexe coulée au bout du ponton à cause d'un bout trop court ...
Nous trouvons notre bonheur au petit magasin d'alimentation. Nous avons lu quelque part qu'il faut compter environ 75% en plus du prix à Puerto Montt. Nous avons donc fait nos calculs avant d'entrer dans le magasin. Le prix proposé est un peu moindre et nous acceptons. De toute façon, il nous faut du gasoil car nous n'en avons pas assez pour arriver jusqu'à Puerto Williams. Rendez-vous est pris à 16h30 pour le transfert dans nos bidons.

Il est 10h30. Nous avons le temps d'aller nous promener un peu avant de retourner au bateau. Sous la pluie, nous empruntons les passerelles en bois pour faire le tour de la baie, monter aux antennes pour admirer le point de vue et descendre de l'autre côté regarder le voilier au mouillage que nous avions remarqué en arrivant. Puis, nous rentrons rapidement sur Brindacier en attente d'une éclaircie pour transférer nos bidons de gasoil encore pleins dans les réservoirs vides pour pouvoir les utiliser cet après-midi. En attendant, nous décorons Brindacier pour Noël.

Décorations de Noël

Finalement, l'éclaircie tant attendue n'arrive qu'à 15h30, juste à temps pour aller ensuite chercher le gasoil au magasin. Les fûts de gasoil du magasin sont au niveau de la mer. Par sécurité, nous avons emmener avec nous un entonnoir qui permet de filtrer l'eau et les impuretés. Nous avons bien fait !!! Le gasoil qui sort du premier fût est marron beurk !!! Nous passons à un autre fût. Celui-ci contient un gasoil d'une belle couleur mais avec un peu d'eau. Ouf, notre filtre sépare bien le bon grain de l'ivraie !!! Comme nous avons bien fait de le garder !!!
En deux aller/retour, nous avons fait le plein. Avec ces 200 litres supplémentaires, nous devrions arriver sans difficulté à Puerto Williams.

A notre retour, un zodiac blanc passe nous voir. A son bord, Greg, un canadien vient nous inviter prendre l'apéro chez lui. Il s'agit du propriétaire du voilier situé dans la baie de l'autre côté du village. Nous acceptons avec empressement et nous sommes prêt à monter à bord de son annexe avec un saladier de popcorn dès son retour.
Nous faisons ainsi la connaissance de Kery et Greg, un couple de canadien qui organise des missions scientifiques sur leur voilier. Ils ont aussi une maison à Puerto Eden dans laquelle nous allons passer un bon moment.

Kery, voileuse depuis de nombreuses années, sait ce qui fait plaisir aux navigateurs et en particulier aux navigatrices ... Elle me propose une bonne douche chaude. OOOOOOhhhhh, c'est trop bon !!!!!
Devant le poële à bois, nous discutons à batons rompus. Il faut dire qu'ils sont une mine d'informations pour nous car ils sont allés 18 fois en Antarctique avec leurs différents voiliers !!! De l'apéro, nous glissons au repas du soir pour finalement les quitter à 00h30 en se donnant rendez-vous pour le lendemain.

Dimanche matin, le vent souffle fort comme prévu. Brindacier ne bouge pas d'un poil. Quel bonheur de pouvoir compter sur son mouillage. Bien entendu, cela ne nous empêche pas de surveiller régulièrement si tout va bien : tour d'horizon dans la bulle pour voir si nous n'avons pas bougé, petit coup d'oeil au sondeur, ...

Brindacier au mouillage à Puerto Eden

Après une matinée de repos bien méritée, nous retournons voir Kery, Greg et Will, un jeune scientifique actuellement avec eux. Et c'est reparti : Blablablablabla ... C'est incroyable tout ce que des marins peuvent avoir à se raconter !!! Et la barrière de la langue nous ralentit à peine !!! Il faut dire que là, c'est royal car Kery parle anglais, bien entendu, espagnol et français.

Non seulement ce sont des marins, mais ce sont aussi des musiciens que nous écoutons avec grand plaisir. Greg joue du violoncelle et Kery du ukulélé. Mais ils savent aussi jouer du piano et de la guitare. Ils aiment partager tout ça avec les voiliers de passage et c'est un vrai régal pour nous. C'est décidé, Sandrine va reprendre le ukulélé qu'elle avait laissé de côté suite aux activités diverses et variées qui lui prennent tout son temps. Sans rire, elle devrait bien arriver à trouver une heure de temps libre par jour quand même, sans quoi ce serait dommage de prendre trois ans de vacances !!!

Keri et Greg

    

Le temps passe très vite dans cette chaleureuse maison en bois. Elle doit être située dans un univers parallèle où le temps s'écoule différemment ... Mais cette fois, nous partons plus tôt car demain nous avons prévu d'aller au glacier Pio XI et nous devons nous lever tôt.

24 décembre 2018 : Navigation de Puerto Eden à Caleta Sally (52 milles)
A notre départ de Puerto Eden, profitant de nos derniers moments à proximité d'un réseau téléphonique, nous appelons nos familles respectives pour leur souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année.

JOYEUX NOEL !!!

Le début de la journée est bien ensoleillé et Robin en profite pour fabriquer un nouveau bouchon d'écubier. En effet, le premier ayant été fabriqué en bois s'est délité à force de baigner dans l'eau de mer. Le nouveau, réalisé en Forex, devrait mieux résister.

Fabrication d'un nouveau bouchon d'écubier

    

Le paysage est vraiment beau et nous croisons plusieurs cascades avant d'arriver au premier bras du glacier Pio XI.

Une cascade et le glacier Pio XI

    

Des dauphins suivent Brindacier et s'amusent à son étrave pendant que Sandrine les observe assise dans le balcon avant.

Observation des dauphins

Le vent souffle à 25 noeuds et nous l'avons de face pour remonter le Seno Eyre en fin de journée. Aussi, nous préférons repousser notre ballade au pied du glacier au lendemain afin d'en profiter pleinement sans avoir à nous inquiéter de l'arrivée au mouillage.
Toutefois, avant de bifurquer vers la caleta, nous admirons le front du glacier qui se trouve encore à 3 milles de distance.

Le glacier Pio XI

Le mouillage est très bien protégé et nous commençons à bien maîtriser la manoeuvre avec le mouillage à l'avant et les amarres à l'arrière. C'est donc bien à l'abri que nous fêtons le réveillon de Noël.
Le Père-Noël a trouvé le chemin pour arriver jusqu'à Brindacier et déposer nos cadeaux dans nos chaussons. Nous les ouvrons avant d'aller nous coucher car demain matin nous devons partir tôt.

Le Père-Noël est passé !!!

25 décembre 2018 : Navigation de Caleta Sally à Caleta Neruda (72 milles)
Aujourd'hui c'est Noël. Nous avions prévu de passer cette journée à fêter Noël en restant bien au chaud, à l'abri dans la caleta Sally. Cependant, la météo est propice à la navigation et comme ça n'est pas toujours le cas, nous décidons d'en profiter et d'avancer sur notre route vers le Sud.

Après le repas bien gras de la veille (confit de canard et pommes de terre sautées à la graisse d'oie et au beurre ...), nous nous réveillons les estomacs un peu lourds. Mais nous sommes bien motivés à nous mettre en route et commencer la journée par une exploration du glacier Pio XI.
Alors nous larguons nos amarres arrières puis remontons l'ancre. L'absence de vent, l'efficacité des tourets d'amarre à poste et notre préparation de la manoeuvre donne un résultat net et sans bavure. Espérons que tout se passera aussi bien lorsque le vent se joindra à la partie.

Pour commencer, un petit détour de 3 milles pour explorer de notre premier glacier : Pio XI. Lors de l'approche, la température de l'air s'est grandement rafraîchie et nous croisons nos premiers glaçons flottants appelés des growlers. Petits et peu nombreux; ils sont sans risque pour le bateau.

Notre premier growler

L'eau est devenu grisâtre comme "laiteuse" au contact de la glace. Notre carte chilienne indique des sondes jusqu'à moins de un mille du glacier mais comme notre sondeur nous donne des valeurs moitié moins profondes, nous décidons de limiter notre approche et de nous arrêter là.
Une impression de force se dégage de cette masse de glace et par chance un petit rayon de soleil et un carré de ciel bleu illuminent la scène.
Robin en profite alors pour sauter dans l'annexe et s'approcher d'avantage du glacier, le photographier et bien sûr faire quelques photos de Brindacier dans son nouvel environnement.

Le glacier Pio XI

    

Une fois l'annexe remontée dans le portique, nous mettons le cap au Sud sous génois et moteur pour atteindre notre prochain mouillage situé à un peu moins de 70 milles de là. Nous arrivons à 18h20 dans la caleta Neruda. C'est une petite anse bien profonde et bien protégée de tous les vents. Le kelp, une algue suffisamment grosse et solide pour arrêter un voilier, est très présent au fond de la  crique mais ne gêne pas la manoeuvre.
Tout est prêt, l'annexe a été mise à l'eau préalablement avec le moteur en route et le mouillage est paré. Sandrine engage alors Brindacier en marche arrière tout au fond de notre abri. Robin largue le mouillage dans 5m d'eau, saute dans l'annexe et frappe à terre 2 amarres sur des arbres de part et d'autre de la petite rivière débouchant au fin fond de la caleta.
Bien, Bonne manoeuvre. Il ne reste plus qu'à faire à manger et se reposer car demain la météo étant bonne, il est prévu de repartir de bonne heure.    

26 décembre 2018 : Navigation de Caleta Neruda à Puerto Bueno (65 milles)
Ouh-là-là, que c'est dur ce matin de se motiver à sortir du lit !!! Les étapes s'enchaînent et le départ vers 06h30 tous les matins commence à devenir difficile. Mais demain, nous seront bloqués à Puerto Bueno car la météo annonce plus de 30 noeuds de vent. Nous pensons donc y faire relache un ou deux jours, le temps que le mauvais temps soit passé.

En attendant, il faut se lever et ce n'est pas si facile avec les 12°C dans le bateau et la bruine du dehors qui va s'insinuer partout. Robin détache les amarres arrière et Brindacier ne bouge pas d'un poil. Puis, nous avançons doucement vers l'ancre que nous remontons sur notre erre. Une fois au milieu de la caleta, nous prenons notre temps pour enrouler les amarres sur les tourets, remonter l'annexe dans le portique et sécuriser l'ancre à l'avant. Tout est nickel et bien entendu, nous sommes bien mouillés par cette pluie si fine qu'elle en est invisible.

Les tourets d'amarre bien rangés attachés dans les pataras

Les couleurs qui prédominent ici sont le gris et le bleu avec toutes leurs nuances. Aussi, lorsqu'un rayon de soleil arrive à percer les nuages, d'un seul coup, une tâche de couleur apparaît que nous nous empressons de photographier. Mais nous sommes loin de penser que ce n'est pas beau. Ici, la vie sauvage prend tout son sens. Les oiseaux et les dauphins sont les compagnons de nos navigations dans ces paysages rudes.

Le bleu et le gris prédominent

Nous croisons parfois des cargos comme c'est le cas aujourd'hui avec Patagon V que nous croisons pour la deuxième fois depuis notre départ de Puerto Montt. Ils nous saluent à la VHF et nous souhaitent de bonnes fêtes de fin d'année. Lors de ces croisements, le cargo nous appelle à la VHF pour indiquer comment nous croiser : Vert sur vert ou rouge sur rouge. Ainsi, pas de quiproquo, nous savons à l'avance de quel côté nous serrer. Finalement, nous ne sommes pas si isolés dans cette partie du monde.

Croisement avec un cargo

Nous arrivons dans la baie de Puerto Bueno vers 17h00. Bien que "puerto" signifie "port" en espagnol, ce n'en est pas un. C'est une jolie baie assez large, abritée de tous les vents où il est possible de mouiller au centre dans 18 mètres de fond ou sur un côté dans 8 mètres de fond avec deux amarres arrières à terre. Vu le vent annoncé pour le lendemain, nous choisissons la seconde solution. Et puis, ainsi, cela nous entraine à faire ce type de manoeuvre.

Cette fois-ci, Sandrine a du mal à évaluer la distance où il faut poser l'ancre. Avec le vent annoncé, nous aimerions mettre 60 mètres de chaîne. Mais il faut pouvoir les dérouler sans que Brindacier se retrouve avec l'arrière sur la berge. Et il ne faut pas mouiller trop loin non plus afin que les amarres arrières d'une longueur de 100 mètres chacune puissent arriver jusqu'au bord. Un dessin étant plus parlant que de longues explications, voici celui représentant Puerto Bueno extrait de l'EXCELLENTISSIME guide nautique de Mariolina Rolfo et Giorgio Ardrizzi. L'entrainement, la pratique, il n'y a que ça de vrai ...

Les informations pour mouiller à Puerto Bueno

    

Le guide nautique de rêve pour naviguer en Patagonie

Pour l'arrivée dans les mouillages, s'il ne pleut pas, nous posons le guide nautique dehors et nous regardons la route que nous avons soigneusement préparée à l'avance sur la tablette munie de OpenCpn et des cartes qui nous ont semblées juste pour cet atterrissage. Bien entendu, le sondeur est allumé et Sandrine peut ainsi voir d'un seul coup toutes les informations dont elle a besoin.

Outils pour l'arrivée dans un mouillage

Et voilà le résultat ...

Hé oui, nous ne sommes pas de grands explorateurs qui voguons dans l'inconnu. Nous étudions précisément chacune de nos navigations et de nos mouillages avec des solutions de repli si le temps se détériore en cours de route. Peut-être manquons-nous d'esprit d'aventure, mais c'est une manière de faire qui nous convient et nous permet de profiter pleinement de notre voyage l'esprit serein.

27 et 28 décembre 2018 : Escale à Puerto Bueno
Ce matin, nous nageons en plein bonheur car nous pouvons roupiller autant que nous en avons envie et même paresser au lit toute la journée !!!
Bon, nous avons tout de même quelques activités prévues au programme : Transfert des bidons de gasoil dans le réservoir bâbord à la première éclaircie, gâteau marbré pour Robin, rédaction du site pour Sandrine, ballade à terre entre deux averses, pose d'un filet de protection à l'avant de l'annexe, ...

Mais aussi : Musique !!! Et oui, nous allons essayer de jouer "Douce nuit" en duo, Robin avec l'harmonica que le Père-Noël lui a apporté et Sandrine au ukulélé. Ca promet, surtout que nous n'avons pas la partition et que Robin n'a aucune idée de l'endroit où se trouvent les notes sur son harmonica. C'est un bon travail pour l'oreille ça !!!

Bon, tout d'abord, Sandrine allume le poële et nous passons très rapidement de 15°C à 22°C. Une heure après sa mise en route, nous l'éteignons car il fait bien assez chaud et il ne s'agirait pas que nous nous habituions trop à la chaleur ...
Le gâteau marbré est dans le four mais au même moment, Brindacier a décidé d'aller fleurter d'un peu plus près avec la berge. 5m60 au sondeur. Mais le sondeur est à l'avant de la quille et la berge tout à l'arrière. Ce ne serait pas cool du tout que le safran aille toucher les rochers. Dans le doute, nous mettons le moteur en route et nous relevons quelques mètres de chaîne pour avancer un peu. 45 mètres de chaîne, ça devrait être suffisant pour tenir l'avant de Brindacier, surtout que la baie est très protégée du vent.

Que c'est bon une journée à paresser, à regarder des films sous la couette, à ouvrir une surprise dans la boîte aux trésors, ...

Que du bonheur ...

    

29 décembre 2018 : Navigation de Puerto Bueno à Caleta Bernard (50 milles)
Après ces 2 jours d'escale imposés par la météo, nous nous remettons en route vers le Sud.
Comme à chaque départ maintenant, notre petit manège se déroule tranquillement avec chacun à sa tâche. La chaîne de mouillage est remontée jusqu'à environ 35m. C'est la longueur qui rentre assurément d'un bloc dans la baille à mouillage.

Pendant que Sandrine, dont le gabarit est plus approprié que celui de Robin pour ramper dans l'espace exigü qu'est la baille à mouillage, range la chaîne, Robin se dirige à terre avec l'annexe.
Lorsque Sandrine ressort du pic avant, elle s'empare de la barre d'une main et de la manette des gaz de l'autre afin de maintenir le bateau dans la meilleure position possible.
C'est le moment pour Robin de larguer l'amarre sous le vent puis l'amarre au vent. Sandrine ravale dans le cockpit à la vitesse grand V tout le mou des amarres pour que rien ne traine dans l'eau, tandis que Robin revenu a bord remonte les derniers 35m de chaine ainsi que l'ancre. Voilà Brindacier libéré de ses liens ; et maintenant direction plein Sud.

Le créneau météo du jour n'est pas très stable. Nous sommes entre deux dépressions et cette journée de répit ne va peut-être pas durer 12h. Alors nous nous contentons de l'étape relativement courte initialement prévue, sans chercher à gagner encore quelques milles vers le Sud.
50 milles à faire avec 15 noeuds de vent portant ... Ca va le faire ! La journée se déroule paisiblement avec une alternance de pluie et d'éclaircies.

Le temps est changeant ...

    

Vers 14h00 nous approchons de la Caleta Bernard. Son nom est un hommage à Bernard Moitessier.
C'est un abri bien sympathique constitué d'une petite baie cernée et par des ilôts rocheux décorés de quelques arbres.
Dès l'approche, l'endroit nous plaît et nous nous faisons en même temps la remarque : c'est bôôô ici !
L'ancre est jetée dans 11m de fond et Robin part porter les amarres à terre.
Malheureusement la végétation ne se prête pas bien au jeu de "la bitte d'amarrage". Celle-ci est constituée de bosquets, de mousses et d'arbustes pas très robustes.

Caleta Bernard

    

La première amarre est frappée sur un tronc correct mais le bout en polypropylène doit faire quelques zigzags avant d'atteindre la berge puis Brindacier. La seconde amarre est, quant à elle, mise en place sur une branche surplombant l'eau. Branche pas bien grosse et un peu pourrie. Ce n'est pas très très satisfaisant mais l'abri semble très bon et le bateau ainsi amarré ne risque tout de même pas grand chose alors nous nous en contentons.
Comme d'hab c'est maintenant l'heure des pâtes, fromage et vin rouge, au chaud dans le carré !

30 et 31 décembre 2018 : Escale à Caleta Bernard
Ce mouillage fait partie de nos favoris pour le moment. Et cela tombe bien car c'est ici que nous allons fêter le nouvel an.
Afin de le faire dans le plus grand confort, Sandrine s'attaque à l'isolation des deux petits hublots ronds qui dégoulinent régulièrement. Leur structure métallique fait office de pont thermique incroyable.
Brindacier possédait quelques rouleaux d'isolant pour tuyaux lorsque nous l'avons acheté et nous les avons gardés bien précieusement. Il est temps de s'en servir ...

Isolation des hublots ronds

    

    

Le pied de mât, quant à lui, laisse passer un peu d'eau au niveau du passage des câbles. Même après avoir rajouté du silicone, nous n'arrivons à circonscrir toutes les fuites. Il y en a très peu mais c'est tout de même rageant. En désespoir de cause, nous entourons le pied de mât d'un sac poubelle afin de limiter le passage de l'eau qui coure sur le pont vers l'intérieur du pied de mât. Et Oh comble du bonheur, ça marche !!!

Solution peu esthétique mais oh combien efficace !!!

Puis, c'est le lavage des chaussettes et le sêchage devant le poële suivi de la fabrication du pain selon la vidéo de Philippe d'Ivadel, notre gourou en la matière.

Lessive et pain, deux activités peu courantes sur Brindacier

    

C'est le réveillon !!! Nous sortons le foie gras que nous n'avons pas mangé à Noël et les quelques cadeaux que nous avions gardé en réserve. Parmi eux, une bouteille de bière très bienvenue à table ...

Le réveillon du nouvel an

    

Quel contraste avec le réveillon de l'année dernière, au chaud, sous le soleil des Marquises à 10 sur le catamaran de 60 pieds Vahini !!! Mais celui-ci, plus intimiste a aussi beaucoup de charme.

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027 - Décembre 2018